My Diligence, plus heavy que jamais

Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Le trio bruxellois burné est de retour avec The Matter, Form and Power, troisième album toutes guitares dehors, à nouveau assorti d’une pochette illustrée par Elzo Durt. Rencontre à domicile.

C’est l’histoire d’un groupe qui a trouvé un son, qui a balayé les squelettes dans le placard et qui s’est rapidement imposé comme l’un des plus excitants groupes « heavy » du Royaume. L’histoire d’un groupe qui, surfant sur le succès de l’excellent Sun Rose, s’est fait couper l’herbe sous le pied faute au Covid, comme beaucoup d’autres. Mais aussi l’histoire d’un groupe qui a profité de cette période « blanche » pour creuser plus profond, pour pousser la formule à l’extrême, expérimenter en poussant tous les curseurs dans le rouge et voir ce qui en sort. The Matter, Form and Power, résultat de trois ans de travail éclaté, sort ce 3 juin via le label Mottow Soundz, qui le pousse aussi à l’international. « J’ai toujours rêvé de faire sonner un album de My Diligence comme du Run the Jewels. En hip-hop, il y a des trucs de malade aujourd’hui, c’est plus violent que du Pantera », s’amuse Gabriel Marlier, batteur de la formation, qu’on rencontre sur une terrasse saint-gilloise pour en savoir plus sur ce disque aussi rêche qu’élastique.

Ce qui m’a frappé d’emblée en écoutant le disque, c’est sa radicalité. Vous n’avez pas changé de direction, mais il y a un côté plus brut, « dans ta face ». Notamment au travers d’un chant beaucoup plus hurlé qu’auparavant…

Je trouve aussi. Cet album-ci, on l’a pensé à trois (ils étaient 4 auparavant, NdlR), et pour le son, on a été chercher de Francis Caste, le producteur de Hangman’s Chair et Regarde les hommes tomber, on a demandé un son particulier qui pour moi est beaucoup plus brut. Le chant hurlé, c’est quelque chose qu’on traîne derrière nous depuis pas mal de temps. Cédric avait joué avec Ox, où ce n’était que du chant gueulé. J’ai kiffé l’exercice. On a essayé de trouver le bon équilibre, parce qu’il voulait en mettre plein. Ça donne un côté Cult of Luna, qu’on a beaucoup écouté pendant cette période un peu bizarre.

Et d’un autre côté, vous avez aussi toujours ce côté pop, presque Foo Fighters. On entend aussi beaucoup l’influence de Baroness.

On aime beaucoup. Dans le mouvement stoner, il y a ce groupe, Torche, qui ont réussi à trouver le bon équilibre en pop et stoner, doom, sludge. Ils sont peut-être les Foo Fighters du stoner. Il y a un lien. Je me souviendrai toujours, au Desert Fest en 2018 ou 2019, la première fois que j’ai vu Torche, je me suis dit « comment est-ce possible d’avoir un tel mélange et de le retrouver ici? » Et puis la prod fait très Baroness, c’est vrai.

Comment s’est passée la rencontre avec Francis Caste?

On est allés jouer un concert à Paris, à l’International. On avait parlé ensemble à la sortie de Sun Rose. Alexandre Picot, qui joue le rôle du renard dans notre dernier clip, a ramené Francis Caste, qui est son meilleur pote, au concert. Le gars est venu chez nous: « c’est vraiment super ce que vous faites, j’aimerais bien vous enregistrer ». Alors que ça faisait des mois qu’on essayait de rentrer en contact avec lui, qu’on lui envoyait des mails et qu’il ne répondait pas, sans doute qu’il avait trop de boulot. « En fait, c’est nous qui voulons bosser avec toi! »

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On venait de sortir Sun Rose, on avait quelques morceaux en préparation mais pas encore un album complet. On a fait un test, ça s’est super bien passé. Et là, bam: le Covid. Alors on a décidé d’écrire de nouveaux morceaux, d’étoffer, on est retournés en juillet quand les frontières se sont ouvertes pour enregistrer cette track qui fait presque 10 minutes, Elasmotherium. Il y a eu reconfinement et on a décidé de mener un projet global d’album.

C’est aussi un parti pris clair du disque, d’étaler les morceaux sur la longueur. Comment c’est venu?

On a toujours voulu écrire de longs morceaux. On adore ça, dans le psyché-stoner, dans le post-hardcore, Amenra, Cult of Luna, Yob, Elder, il y a toujours de longues pistes qui font 7, 9, parfois 15 minutes. On part de jams, on compose par parties. Ces blocs-là, on peut les bouger, parfois même entre morceaux différents. C’est ça qui donne des cassures rythmiques, et carrément des changements de gammes qui permettent d’arriver à faire un puzzle complètement biscornu mais qui est cool à la fin. Tu mets du liant et tu obtiens une recette spéciale.

Avoir fait à nouveau appel à Elzo Durt, ça en devient presque une partie de votre identité.

Grave. Il n’y a pas à dire, une bonne pochette, c’est marquant. Il est assez connu dans le milieu, tu profites de cette notoriété, de gens achètent le disque pour sa pochette sans forcément connaître ta musique. Généralement, ça crée de bonnes surprises. C’est un pote, Elzo. J’aimerais toujours faire appel à lui, perdurer ce truc. En plus, il travaille bien et vite.

© Elzo Durt

Un mot sur votre label Mottow Soundz et son côté familial?

On avait signé pour trois albums. Ici, on arrive à la fin. Mathias Widtskiöld, c’est un mec absolument génial. Il prend soin de nous, il essaie de mener à bien sa barque, ce qui n’est pas évident pour un label indépendant comme ça. Aujourd’hui, il a signé un deal de distribution worldwide, donc c’est une très bonne nouvelle. Ça veut dire que nos albums vont être distribués à l’international. Avec un plan promo et une sortie physique et digitale dans chaque territoire que ce label a dans son catalogue. On parle d’une sortie en septembre pour les États-Unis.

C’est une idée d’aller tourner là-bas?

C’est clair et net que si on nous propose, que les conditions sont réunies pour y aller, on y va! Il ne faut pas oublier que ce qu’on fait, c’est du rock américain. D’office qu’en chacun de nous, une part du rêve, c’est d’aller jouer aux États-Unis. De par la culture, de par l’envie, de par tout ce que ça représente culturellement, musicalement… On signe tout de suite des deux mains. Et on est prêts!

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