Moment de grâce à l’AB avec The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band
Une pièce de théâtre, un film et puis un groupe de musique. The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band a joué à guichet (archi) fermé ce mercredi 25 mars à l’AB. Voyage en terres américaines des 40’s avec les images du film qui surgissent dans nos pensées.
Felix van Groeningen, réalisateur belge, n’avait jamais pensé à un pareil succès. Encore moins le compositeur de la bande originale Bluegrass, Bjorn Eriksson. Et pourtant… Le groupe de Didier et Elise scénarisé dans le film prend vie. Les acteurs eux-mêmes y jouent, gardant une complicité délicate et amusée.
De la bluegrass, encore de la bluegrass
Bill Monroe, 1938: le Père du genre forme les Blue Grass Boys, premier groupe à officialiser le mouvement en marge de la country de l’époque. L’Amérique du Nord chante ses blessures sur rythmes syncopés, jonglant de 2 à 4 voix autour d’un même micro. Mandoline, banjo, guitare et violon accompagnent l’harmonie gospelienne de cette Old Time musique. Les Appalaches où s’étale l’herbe bleue matinale inspirent les musiciens. Et The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band ne déroge pas à la règle.
Pour ceux qui ont pleuré devant le film, il est difficile de ne pas y penser: les acteurs flamands Johan Heldenbergh et Veerle Baetens sont sur scène, devant nous, à l’image des shows de Didier et Elise qu’ils interprètent dans le film. La réalité se brouille quelques instants; on hésite parfois à se perdre dans le scénario en les écoutant chanter leur amour de ces mêmes voix que l’on a vu sur grand écran. Mais Johan n’est pas Didier cette fois-ci, pas plus que Veerle n’est Elise. Et l’on s’en réjouit: le bluegrass de ce soir est loin des malheurs de la vie, loin de sa dureté meurtrière. Aussi tristes que soient les paroles, les rythmes effrénés des musiciens et leurs sourires suffisent à chasser (en partie) les pensées que le film induit.
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Voyage d’une autre époque en terres étatsuniennes
La réalité, ce sont ces sept artistes incroyablement talentueux qui déversent leur genre d’antan avec une magnifique simplicité. Alternant la voix douce et féminine de Veerle Baetens et celle plus grave et sensuelle de Johan Heldenbergh, les chansons nous font voyager. Oh, bien sûr, personne n’a connu cette époque. Mais l’idée que l’on s’en fait suffit pour prendre le bateau du temps. On s’imagine dans un bar américain perdu dans le sud du Kentucky, accoudé au comptoir en bois, fumant nonchalamment une cigarette. Sur la scène au fond, on y verrait ces personnages chanter leur amertume. « Will The Circle Be Unbroken? » résonnerait par-dessus les discussions des vieux Américains aux chapeaux de cowboys et « If I Needed You » imposerait un silence religieux.
On revient du voyage entre les morceaux quand les histoires et anecdotes lancées en flamand par les acteurs amusent le public; l’ambiance est définitivement bon enfant. Toute la bande originale y passe, transformant les images si fortes du film en réalité enjouée. « We want more » scande le public à la fin du show. Les musiciens, qui ont déjà joué plus d’une heure et demie, ne voudraient pas partir, mais tout à une fin, n’est-ce pas.
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