Lykke Li, écorchée vive à l’AB
La chanteuse suédoise est venue souffler les noires paroles d’I Never Learn, son prochain album, à un chaleureux public bruxellois dimanche soir. Derrière un joli minois peuvent se cacher de douces mélodies blessées…
A 22 ans, Lykke Li sortait ses Youth Novels, un premier disque révélateur porté par une fraicheur justement juvénile. Sa voix enfantine et candide a su conquérir un public en attente de tendresse (qui a dit mièvrerie?). Trois ans plus tard, en 2011, le ton se durcit avec Wounded Rhymes, renfermant les titres Youth Knows No Pain, Sadness Is A Blessing et l’immanquable I Follow Rivers qui, remixé par The Magician, a valu une reconnaissance internationale à la chanteuse. Malgré cela et un nouvel album, I Never Learn, à venir le 2 mai dans nos bacs, la belle n’a pas rempli l’Ancienne Belgique ce dimanche soir. Le prix élevé du ticket (33€), sous Warner et Live Nation, doit y être pour quelque chose…
I Never Learn ouvre le bal de tristesse, où Lykke Li s’érige tel un merle majestueux blessé au milieu de la scène. Entourée de ses cinq musiciens un peu plus dans la pénombre, la chanteuse fournit d’emblée une belle prestance scénique, toujours axée sur une riche gestuelle. La voix, accompagnée d’une formidable choriste, surprend encore par son caractère, particulièrement rocailleuse sur les sombres nouveaux morceaux. Sa Suède natale semble lui avoir congelé le coeur, mais si l’on creuse un peu la glace, c’est plutôt une lourde rupture amoureuse qui a enfermé la jeune femme dans la mélancolie. La noirceur est aussi au rendez-vous dans l’habillage: de longs drapés sombres sur les corps et dans les airs, mêlés à de nombreux nuages de fumée.
Heureusement, les titres tristounets du répertoire du groupe, qui peuvent ennuyer sur disque, bénéficient d’une seconde vie en live. Les réarrangements mettent en lumière chaque musicien, rôdé et précis, et offrent une puissance que Lykke Li sait accompagner vocalement. Douleur et force ne sont pas incompatibles, loin de là… Juste avant Love Me Like I’m Not Made Of Stone, la chanteuse prévient que le titre est difficile à interpréter car embarrassant de véracité. Se livrer aussi personnellement sur son dernier album peut être plus facile que devant un public entier… Le manque de pudeur de l’artiste permet à la foule d’entrer dans son intimité et de vivre avec elle ses histoires lyriques.
Les lumières se rallument et Don’t Let Me Down (fort à propos) des Beatles est lancé de la régie alors que le groupe sort à peine de scène. Tout espoir d’un autre rappel est alors anéanti. Après 1h15 de balade sentimentale à 33€ la place, Lykke Li a donné tout ce qu’elle avait à son public. Pourvu qu’elle panse rapidement ses blessures et qu’elle nous offre a little bit more de son temps bientôt…
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