Les Ardentes J4: Nicki Minaj évite de justesse le naufrage

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

En tête d’affiche de la dernière journée des Ardentes, Nicki Minaj a dû batailler jusqu’à la fin pour mériter son titre de rappeuse numero uno.

Le concept de tête d’affiche a beau être flou – selon quel critère ? à partir de combien de followers ? sur base de quel tube ?. Sa fonction, elle, est assez claire : servir de point d’orgue, offrir le feu d’artifice final qui rendra la journée vraiment mémorable. The cherry on the cake, pour le dire autrement. Pour ce faire, dimanche soir, les Ardentes avaient invité ni plus ni moins que Nicki Minaj. Riche idée ? Et comment !

Au rayon mégastar pop, on fait en effet difficilement mieux. Certes, ces dernières années, celle qui avait bousculé l’hégémonie masculine au sommet du rap, imposant son flow et sa personnalité bigger than life, a un peu marqué le pas. C’est qu’en inaugurant l’idée qu’une rappeuse pouvait truster les premières places, elle a titillé l’industrie. Et ouvert la voie à la concurrence – de Cardi B à Megan Thee Stallion. Fin de l’année dernière, elle sortait néanmoins Pink Friday 2, cinq ans après Queen. Présente sur la B.O. du Barbie de Greta Gerwig, elle se retrouvait également portée par le carton du film. Et de se lancer ainsi dans une nouvelle tournée mondiale, déjà assurée d’être la plus rentable de l’Histoire pour une rappeuse.

La politesse des reines

Dimanche, les Barbz – fans dévoués de la star, reconnaissables par leur touche de rose flashy – étaient ainsi présents en nombre à Rocourt. D’autant que Les Ardentes constituaient la dernière de ses dates en Europe. Autant dire que tous les éléments étaient réunis pour un moment d’anthologie. Spoiler : la déception n’en fut que plus grande…

A vrai dire, ce n’est pas la première fois que Nicki Minaj était programmée aux Ardentes. En 2015, l’Américaine était déjà de la revue. Cette année-là, le festival se déroulait encore à Coronmeuse. Et s’il avait réservé une belle place à la rappeuse déjà star, en clôture de la deuxième plus grosse scène, c’est bien Iggy Pop qui trônait alors sur la main stage. Une autre époque, un autre monde… Une chose n’a toutefois pas changé dans l’intervalle. Neuf ans plus tard, toute queen qu’elle est, Nicki Minaj a toujours un souci de ponctualité. Une vingtaine de minutes en 2015. Plus de trente-cinq cette fois-ci…

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Prévenu, on était d’ailleurs prêt à passer facilement l’éponge. Alors qu’on méditait, sous les huées de plus en plus pressantes du public, sur ce qu’on peut pardonner ou non à un artiste, sur ce qui tombe sous le coup de la licence artistique ou tient simplement du caprice de star (oui, on vous dit, le temps a paru long, à peu près autant que cette phrase), Nicki Minaj montait enfin sur scène au son de I’m The Best. Une affirmation datant de 2010. Mais qui reste potentiellement encore valide. Quand elle poursuit par exemple, avec Barbie Dangerous, on y croit : « I’m still sittin’ here/You got a lot to prove », insiste-t-elle sur un sample de The Notorious BIG. Également tirés de son dernier album, FTCU, Beep Beep, et Big Difference s’enchaînent sur le même modèle rap acéré, sombre et conquérant. Le concert est alors bel et bien lancé.

Pétard mouillé

Sauf qu’il est déjà temps pour un premier interlude. L’occasion pour Nicki Minaj de changer de costume et de perruque, et enfiler un autre de ses nombreux alias. Pour patienter, les écrans géants diffusent des visuels. Ils sont basés sur Gag City, la ville virtuelle que les fans de la rappeuse ont créée grâce à l’intelligence artificielle, pour le lancement de Pink Friday 2. Le résultat n’apporte cependant pas grand-chose. Surtout, l’entracte s’éternise. Et comme ce ne sera pas le seul, le concert est sans cesse coupé dans son élan.

D’autant que sur scène, il ne se passe pas forcément toujours grand-chose. On s’est habitué à des show pop qui en mettent plein la vue. Ce n’est pas vraiment le cas ici. Entourée de musiciens (batteur, claviers) et de danseuses, Nicki Minaj occupe le terrain. Mais sans grands effets visuels, ni chorégraphies pétaradantes, ni même de scénographie particulièrement spectaculaire. Rien en tout cas pour mettre l’étincelle à un set interrompu en permanence. Et faire décoller une machine que l’on avait imaginé parfaitement huilée (lors d’un énième passage en coulisses, par exemple, la star s’apprête ainsi à remonter sur scène, avant de se rendre compte qu’elle tient toujours le miroir qui lui servait d’accessoire lors de la scène précédente, sur Barbie Girl – comme si la tournée en était toujours à devoir se rôder).

Tubes de secours

Ce qui sauve malgré tout Nicki Minaj ? Nicki Minaj elle-même. A chaque fois qu’elle se met à rapper, elle captive. Pas seulement grâce à ses mimiques appuyées, quasi d’origine contrôlée, qui peuvent la faire passer dans la même seconde de Barbie à Chucky. Mais surtout par sa manière, toujours aussi vorace de débiter, ses rimes. Il faut la voir par exemple, magnétique, reprendre son fameux passage de Monster, signé Kanye West.

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Pas folle non plus, elle a également prévu de fourguer ses plus gros tubes lors du dernier volet de son concert. Après un speech – le seul de la soirée – sur l’importance de « poursuivre ses rêves » (refrain connu), elle balance ainsi Anaconda ou encore Starships. De quoi éviter de justesse la déroute.

Alors que les lumières se sont déjà rallumées sur la plaine et que le dernier feu d’artifice a été tiré, elle revient encore sur scène, pour saluer ses fans, toute petite sans ses bottes. Géante aux pieds d’argile.

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