Les Ardentes J3 : This is the sound of (Central) Cee

Central Cee, Les Ardentes 2024 © thedenclubiii
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Aux Ardentes, Central Cee a montré que le rap made in UK pouvait aussi jouer les têtes d’affiche

Avant d’entamer son morceau UK Rap, Central Cee s’adresse au public des Ardentes : « On a fait un bout de chemin pour arriver jusqu’ici. Vous connaissez Londres ? ». Quand même, faudrait pas pousser. Oakley Neil Caesar-Su, de son vrai nom, ne vient pas de l’autre bout de l’Atlantique. Même si le Brexit l’a un peu éloignée, la capitale anglaise reste à un Eurostar d’ici.

Cela étant dit, Central Cee a quand même en partie raison : pour beaucoup, le rap anglais reste en effet un terrain méconnu. Une option troisième « langue », après le français et l’américain. Cela change, petit à petit. Pour preuve, les échanges qui s’intensifient entre les deux côtés de la Manche. On a ainsi vu Tiakola croiser la route de Dave et Aya Nakamura celle de Stormzy. Tandis qu’Hamza a collaboré avec Headie One et Freeze Corleone avec, précisément, Central Cee. Suffisant pour faire de ce dernier la tête d’affiche du samedi soir ?

Central Cee sauteuse

Après DJ Serpent et Doja Chat, Mr Cee était d’ailleurs le premier rappeur stricto sensu à occuper le fauteuil samedi. Pour le coup, il s’est contenté de s’y asseoir, sans jamais chercher à dépasser les limites de sa « fonction ». Capuche sur la tête et bling bling à l’effigie de la Reine Elisabeth autour du cou, Central Cee a rappé seul sur scène, pendant une heure (sur l’heure et demie que lui avait octroyée au départ les organisateurs). Avec les gimmicks pyrotechniques habituels, certes. Mais sans grands effets spéciaux.

Etrangement, la sauce (worcestershire), pourtant, prend. C’est peut-être juste une question de sonorité. Mais tout à coup, entendre un accent cockney rouler sur la plaine des Ardentes a quelque chose de presque rafraîchissant. L’intéressé joue d’ailleurs la carte British à fond. Dès le départ, il ressort par exemple ses basses drill tremblantes. Comme celles de Loading, issu de sa première mixtape, ou Little Bit Of This. Il enchaîne avec UK Rap, son duo avec Dave – « Elle n’écoute pas de rap British/sauf si c’est Dave ou Cee ».

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Plus loin encore, il donne un cours d’argot made in West London avec LA Sneakers Freestyle. « Si vous vous accrochez, vous allez peut-être comprendre un mot ou l’autre ». Pas gagné quand même… Il reprend également Overseas de ses camarades de D-Block Europe. Et comme ceux-ci étaient justement programmés sur la scène Da Hood un peu plus tôt, Young Adz a le temps de traverser la plaine pour rejoindre Central Cee. Comme à la maison.

Terrains pop

Celui qui figurait encore récemment dans la dernière campagne pré-olympique entre les marques Jacquemus et Nike – aux côtés de Serena Wiliams ou Juliette Binoche -, n’a peut-être que deux albums/mixtape à son compte. Mais il est malin. Et dose bien ses effets. Avec son sample de PinkPantheress, Obsessed With You l’emmène vers des humeurs plus pop. Un terrain qui devient glissant avec Let Go, empruntant lui au tube d’Ed Sheeran, pardon de Passenger.

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Juste derrière, il redresse toutefois la barre avec One Up. Tandis que des images de CCTV renvoient au Londres sombre et parano, le rappeur se rappelle du voyage. Celui du petit dealer – viré de chez lui à 14 ans, de l’école à 16 – à star premium. Et comme il n’a aucune envie de retourner à la case départ, il assure la prise. Avant de quitter la scène, il prend soin de balancer ses deux plus gros tubes. D’abord, Sprinter, issu de son EP collaboratif très réussi avec Dave. Puis, au lendemain du concert de l’Américaine au même endroit, son fameux Doja, histoire de contenter jusqu’aux derniers rangs.  

« Soigner son entrée et sa sortie, et entre les deux, tu te démerdes », avait l’habitude de dire Jean-Philippe Smet. Certes, aux Ardentes, Central Cee n’a peut-être pas allumé le feu. Mais en une petit heure, il a fait le boulot.    

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