Les Ardentes J2: Doja Cat, toutes griffes dehors
Qui a dit que les félins n’aimaient pas la pluie? Sous la drache des Ardentes, vendredi soir, Doja Cat a montré qu’elle était l’une des meilleures performeuses pop du moment.
Si la pop est une histoire de surprise, alors Doja Cat est bien placée pour occuper les spotlights. C’est chez l’Américaine une seconde nature. Ou plutôt un caractère: versatile et papillonnant. Pop ici ? – par exemple, le tube Say So. Ou rap là-bas ? – la tendance principale de son dernier album, Scarlet, sorti à l’automne dernier. Pas sûr que l’Américaine le sache elle-même.
Aux Ardentes, juste avant de monter sur scène, elle botte encore plus loin en touche. Ce sont les guitares punk du Guided By Angels d’Amyl & The Sniffers qui annoncent son arrivée. Pour le coup, elles livrent moins un indice sur une éventuelle nouvelle direction musicale que sur son attitude : défiante, combative, bien décidée à s’imposer. Même devant une plaine détrempée, transformée en patinoire, des Ardentes. Après le soleil californien façon Coachella la veille, l’ambiance a viré Glastonbury et bain de boue vendredi…
La rage de Doja Cat
Tête d’affiche de la journée, Doja Cat n’a pas volé son statut. Quelques minutes avant le début de son concert, elle remballait les photographes pourtant prévus en frontstage, et imposait son propre service de sécurité. Pour autant, passé les caprices de star américaine, pas question de dérouler en mode diva.
Dès l’entame, elle monte aux barricades. Elle démarre ainsi avec Acknowledge Me, à la fois demande de reconnaissance et déclaration d’indépendance, rinçant le public avec une rasade gospel. Derrière, elle tombe rapidement l’imperméable pour empoigner des titres comme Shutcho ou Demons. Il y a la volonté de convaincre, la rage même d’aller renverser la table. Doja Cat rappe, chante, danse, ose un grand écart, enchaîne poses conquérantes et roulements des yeux. Et mélange affirmation street et effets music hall façon Broadway, mine ingénue et moue de vamp.
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Ces dernières années, Doja Cat a brisé au moins deux tabous, propres à ce grand cirque qu’est l’industrie musicale. Elle s’est permis de dénigrer ses propres disques, affirmant par exemple que des albums comme Hot Pink ou Planet Her, existaient juste pour « faire sonner le tiroir-caisse ». Elle a également osé critiquer en question l’attitude de ses fans – ou du moins celle de ses admirateurs les plus hardcore. Sur Attention, elle chante par exemple : « You follow me, but you don’t really care about the music.”
Grand écart et camel toe
Aux Ardentes, pourtant, elle les arrose avec une setlist généreuse et une énergie communicative. Pas besoin pour cela de se lancer dans des grands discours. L’une des seules fois où elle s’adresse véritablement au public, c’est quand elle file en coulisses pour résoudre un petit souci vestimentaire – « je veux être honnête avec vous, je suis de retour dans quelques secondes, mais je dois réparer mon camel toe »… Pour le reste, elle file tout droit.
Alors que la pluie repointe le nez, Doja Cat n’hésite pas à mouiller, littéralement, le maillot. Elle rafale ses rimes sur Get Into It (Yuh), se balade sur la nu soul de Balute, supplie sur Need To Know, ne diminuant pratiquement jamais d’intensité. En toute fin, elle glisse encore le tube Paint The Town Red, citant le Walk On By de Dionne Warwick, et une version tendue de Wet Vagina. « I live life like I got a cheat code”, assure-t-elle. Celui qui permet de débloquer le dernier niveau du jeu sacrant la meilleure performeuse pop du moment.
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