Les Ardentes J1 : DJ Snake impose sa séance de cardio
Pour lancer son festival, les Ardentes a fait appel, non pas à une étoile du rap, mais bien à la superstar DJ Snake, king vicieux de l’électro ménager qui déménage.
Il aurait dû clôturer les Ardentes l’été dernier. Du moins si le festival n’avait pas été contraint d’annuler sa dernière journée, pour cause de météo tempétueuse. Un an plus tard, DJ Snake est de retour, mais cette fois pour ouvrir l’événement. Sur la grande scène évidemment, en tête d’affiche. Quelle autre place pour le « Français le plus écouté au monde » ? Dans une culture pop toujours plus obsédée par les chiffres, DJ Snake ne compte plus les clics et les vues. Et pour un festival qui doit éventuellement se refaire après la mésaventure de l’an dernier, ce n’est pas anodin. Cela vous muscle un line-up.
Pas que le line-up d’ailleurs. Sur une grande scène que la plupart des rappeurs ont traversée mollement, DJ Snake a appuyé sur l’accélérateur. Façon séance de cardio. Sur le coup de 23h30, après une intro grandiloquente, comme il se doit, William Grigahcine de son vrai nom ne prend même pas le temps de s’échauffer. Le bien nommé Big Bang déclenche les premiers coups de chalumeau, aux quatre coins de la scène. Et le public de répondre instantanément avec des feux de bengale, comme au stade.
Le titre en question date d’il y a quelques mois. Mais avec son gros crochet dubstep, pif paf pouf, in your face, il aurait très bien pu sortir en 2013. Qui a dit que l’EDM était morte ? Si c’est le cas, DJ Snake s’acharne sur le cadavre, avec un plaisir presque sadique. Eternelles lunettes noires sur le nez, il balance les beats hénaurmes et les riffs de turbine stridents, pied au plancher. C’est par exemple Trust Nobody, avec des images de pneus crissant au point de commencer à fumer – au cas où le message n’était pas clair…
Bourre-pifs EDM
Il faut attendre un quart d’heure avant que DJ Serpent glisse son hit inaugural : le fameux Turn Down For What, avec Lil Jon. Dans un festival comme les Ardentes, qui a fait du rap sa principale (et quasi unique) ligne éditoriale, le morceau est l’un des seuls liens tangibles avec le hip hop. Il a pourtant longtemps nourri le DJ français, qui explique souvent que sa vie a changé quand il a vu La Haine. Notamment la fameuse scène dans laquelle DJ Cut Killer mixe à la fenêtre de son appartement : tout à coup, le gamin de banlieue, élevé par sa mère en solo, se découvrait une passion pour la musique et les platines.
Un quart de siècle plus tard, DJ Snake ne mixe peut-être plus trop. Sur scène, il passe d’ailleurs plus mal de temps à haranguer le public et se balader loin de sa table. Mais celui qui a vendu les places pour son concert au Stade de France en moins de 3 minutes chrono, sait comment rincer une foule. Avec le sourire carnassier du barbouze fier de son coup, il ne laisse jamais beaucoup de répit. A peine le temps de rabâcher ses tubes pop – son classique Lean On – et latino – Teka, Loco Contigo. Il n’oublie pas non plus son fameux Disco Maghreb, rappel de ses origines maternelles algériennes, qui aura même eu l’oreille du président Macron.
Mais dès qu’il entame la dernière ligne droite, DJ Snake lâche à nouveau les chevaux. Jusqu’à frôler le mode gabber, faisant pleuvoir les coups. C’est évidemment tout sauf subtil. Mais le Français n’a jamais prétendu l’être. Entre deux bourre-pifs, il s’amuse à titiller la rivalité entre Belges et Français, présents en masse. Avant d’évoquer Gaza. Ce genre de grand écart décomplexé. C’est sans doute la loi du genre : celle des têtes d’affiche fédératrices, à qui on demande moins des surprises, que de l’efficacité. Ce qu’a pleinement assumé DJ Snake, en mettant sur orbite cette nouvelle édition de Tomorrowland… euh, oups ! pardon… des Ardentes !
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