Le chanteur Hervé sort Adrénaline : « Avec ce disque, j’ai perdu quelques points de vie ! »

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Un an à peine après Intérieur Vie, Hervé revient avec un 3e album, Adrénaline, rincé à la pop anglaise. Explications avant le concert de ce dimanche, au Botanique.

Hervé ne s’arrête donc jamais. Après un premier disque encensé – Hyper -, qui lui vaudra la Victoire de la musique de la Révélation de l’année en 2021, le délicat exercice du second album – Intérieur Vie – l’an dernier, il est déjà de retour. Au printemps, le chanteur français sortait en effet Adrénaline. Un disque qu’Hervé a enregistré en bande, à Brixham, dans le Sud-Ouest de l’Angleterre. Une manière de renouer avec ses amours pop so British (déjà éprouvées avec son premier projet, le duo Postaal), célébrées notamment par un morceau comme Tube de l’été, lorgnant sur le Common People de Pulp. Mais aussi d’inviter Eric Cantona en featuring sur le morceau-titre. Et, surtout, de renouer avec une spontanéité et une instantanéité qui lui conviennent à merveille.  

Comment est né Adrénaline ?

Hervé : J’ai commencé à écrire pendant la tournée d’Intérieur Vie. En fait, j’avais trop envie de faire un « album de guitares ». Puis, en tournée, c’était aussi beaucoup ce qu’on écoutait. Tous ces groupes britanniques, Fontains DC, Idles, Shame, etc. J’étais complètement là-dedans. Donc j’ai commencé à avancer, sans rien à dire à personne. Quand j’ai eu 5, 6 titres, je voyais de manière plus précise où je voulais aller. C’est là que je me suis dit que j’allais faire un truc qui normalement ne se fait pas : je vais ressortir un 3e album, un an après le 2e (rires).

C’était aussi le moment où je venais de devenir père. Donc j’étais tout le temps à la maison. Il y avait bien les festivals. Mais cela me faisait bouger que 2 jours par semaine. Avec le tour bus, tu repars de l’endroit à minuit, et j’étais à la maison à 7h le dimanche matin. Juste à l’heure où le petit se réveille… Je t’avoue que j’ai perdu un peu des points de vie. Mais avec ce disque, j’en ai gagné pas mal aussi !

Tu es parti enregistrer en Angleterre, c’est ça ?

Oui, j’ai emmené tout le monde. Ma femme, mon fils, ma belle-mère, mon meilleur pote qui nous a rejoint de Toulouse, et puis tous mes amis de tournée. J’avais loué une grande maison. Et le truc, c’était de se dire : « on ne calcule pas, on fait des trucs ! ». Et si on revient avec un disque, tant mieux. Sinon, c’est pas grave. Donc je donnais mes compos aux musiciens, ils les jouaient, et puis je récupérais tout, et je découpais, je remontais comme une producteur de musique électronique.

Pourquoi était-ce le moment de ressortir les guitares ?

En fait, quand j’attaque le 2e album, j’ai un peu deux portes devant moi. D’un côté, j’ai déjà cette envie de guitares. Toutes ces musiques qui m’ont vachement nourri : The Smiths, Oasis, Blur ou même certains albums de Primal Stream, etc. Et puis j’ai aussi l’idée d’un disque hyper introspectif avec plus de sampling. Ce qui donnera des titres comme d’Où je viens, Tout ira mieux demain etc.  

Ça veut dire que celui-ci est moins personnel ?

Disons que j’avais moins une liste de thèmes que je voulais aborder. Mais ce n’est pas pour cela qu’il est moins personnel. A nouveau, Je le réalise à un moment de ma vie très intense, entouré de ma famille, mes potes. C’est ma femme qui fait la pochette par exemple, où je suis avec le porte-bébé – elle avait déjà réalisé celle de Mélancolie FC.  Puis le fait de se retrouver tous, d’avancer ensemble, sans calculs, juste pour le kiff et essayer des trucs. C’est un souvenir incroyable !

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On a pourtant souvent l’image d’Hervé, le chanteur qui bidouile seul dans ton coin. Pourquoi ce besoin malgré tout d’être entouré ?

Parce que déjà, je sais pas jouer de guitare, par exemple ? (rires) J’aurais pu me baser uniquement sur des samples, mais c’est vraiment dur pour un instrument comme celui-là. Donc, comme j’avais une idée très claire du son que je voulais, des couleurs des guitares, je faisais jouer ce que j’avais en tête et je récupérais toute la matière, et je commençais à chipoter. Tout  en essayant de rester le plus possible à l’instinct, et de l’énergie qu’on avait réussi à créer en tournée.

Comment as-tu trouvé la maison dans laquelle vous avez enregistré ?

Sur Airbnb ou Abritel, je sais plus… J’ai pris un endroit assez grand pour caser tout le monde. Et puis je voulais aussi faire toutes les photos dedans. Donc je cherchais  une vieille maison, avec du caractère, début XXe, avec plein de bow windows, tec.

Je me souviens que mes proches étaient partis récupérer les clés la veille. Je n’avais pas encore dit au proprio que je venais enregistrer. On me le passe au téléphone pour que je lui explique. Mais je suis sur le ferry, la connexion n’est pas bonne. Le proprio m’explique que son frère est dans la musique, mais je ne comprends pas trop. Le lendemain de notre arrivée, il vient prendre le thé. C’est là qu’il me raconte que son frangin a bossé toute sa vie dans le studio B d’Abbey Road. Et que l’ampli qui se trouve dans la salle de billard était celui qu’utilisait Mc Cartney ! Il a sorti les photos et tout ! J’hallucinais !

Pourquoi avoir intitulé le disque Adrénaline ? Est-ce que cette hyperactivité a pu être parfois lourde à vivre, une sorte de « malédiction » ? A l’ecole, par exemple.

Je ne suis pas non plus tout le temps comme une pile. Il y a plein de moment en société où je suis très calme, je ne dis pas grand-chose. Mais c’est vrai que j’ai conscience de faire un métier qui va vite, très intense, et qui convient bien à mon architecture cérébrale.

Tu as toujours été comme ça ?

Quand j’arrête l’école à 16 ans, j’ai déjà mon plan. Je vais aller bosser et je vais faire de la musique. Peu importe que ça marche ou pas. Je m’en fous même de chanter ou d’apparaître sur un album. Ce que je veux, c’est perdre la notion de temps et faire du son, m’immerger dedans.

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Tu commences le disque avec le morceau Encore : « Redis-moi comme c’est beau (…) Redis-moi qu’c’est du pareil en mieux ». Comment arrive-t-il sur la table ?

Je viens d’avoir un enfant, je suis dans la tempête de la tournée, après un 2e album qui est toujours un album un peu « capricieux ». Dans le sens où on te dit que si tu changes, c’est décevant. Et si tu changes pas, on te reproche de déjà te répéter. Moi qui pensais que cela n’arrivait qu’aux autres ! (rires) Mais c’est vraiment ça.

J’y repensais en voyant le documentaire de DJ Mehdi, qui est quelqu’un que je citais déjà dans la bio de mon premier EP. Dans la série, il raconte comment on a pu lui reprocher d’avoir laissé derrière lui toute une partie de son son, pour le 113, Ideal J, etc. Et parle à un moment de créativité. Du fait qu’il n’en aura peut-être plus à un moment. Et que s’il se rend compte ce jour-là, qu’il l’a utilisée pour faire quelque chose qu’il avait déjà fait, il s’en voudra énormément. Je comprend complètement ce qu’il voulait dire !

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