L’artiste, cet autre entrepreneur
S’il y a aujourd’hui une catégorie d’entrepreneurs qu’on sollicite rarement sur des questions de business, c’est bien celle des artistes. Voilà la conviction de Creatis, incubateur d’entreprises culturelles né à Paris et désormais aussi installé à Lyon et Bruxelles.
C’est à Bruxelles que débutera, ce 27 juin dans les foyers de l’ING Art Center, un cycle de rencontres « Business & Culture » (1) auxquelles s’associe Le Vif/L’Express. Premier invité: Jean-Benoît Dunckel, moitié du duo versaillais Air, qui expliquera, entre autres choses, comment deux musiciens passionnés sont arrivés à vivre de leur musique et à l’exporter dans le monde entier. « Ces dernières années, le métier d’artiste a complètement changé, note Edouard Meier, directeur de Creatis Belgique. Il s’est autonomisé, professionnalisé. Mais cet aspect est très peu mis en lumière dans les écoles d’art, les conférences… Or, aujourd’hui, un artiste est toujours confronté à la question de l’entrepreneuriat. Quand il est « petit », il sera plutôt un artisan, et s’il est « gros », ce sera plutôt un chef d’entreprise. »
Personne ne dira le contraire: à Bruxelles, les structures d’accompagnement des artistes abondent. « L’artiste est aujourd’hui assez bien accompagné, reconnaît Edouard Meier. En matière de réglementation, de crowdfunding, sur tous ces sujets-là. Par contre, ce qui manque parfois, ce sont les locomotives, ceux qui ont réussi à construire de vraies entreprises à partir de produits culturels. » L’exemple est évident: Stromae! « Une inspiration pour les jeunes entrepreneurs! Mais il y en a d’autres. »
Pour réussir en tant qu’artiste, il faut parfois être au bon endroit, au bon moment, rencontrer les bonnes personnes. L’air est connu: c’est celui de la nécessaire dose de chance. Un facteur qu’intègre Creatis? « Celui-là, nous ne le réglons pas forcément. Mais la chance, c’est aussi faire de bonnes rencontres, et là, nous pensons que ces conférences vont justement permettre aux gens de se rencontrer, et donc, peut-être, d’avoir plus d’occasions de lancer des projets. »
A propos de ces projets, on imagine aussi que tous les artistes ne sont pas animés par l’envie de sortir de leur art. Que, puisqu’on évoque Stromae, tous ne rêvent pas de vendre des chemisettes en plus de leurs disques… Pour certains même, ce serait un sacrilège! « Eh bien, nous nous adressons alors plutôt aux autres, répond notre interlocuteur avec un sourire. Après, la question de la collaboration entre les marques et les artistes est centrale. Il faut plutôt voir ça comme une capacité pour les artistes à devenir plus autonomes. A trouver eux-mêmes des sources de financement pour créer leur musique ou leur art, à s’affranchir de toute autre contrainte, à pouvoir construire une communauté et à la monétiser. En fait, c’est plutôt un gage d’indépendance, pas de mercantilisme. »
(1) Ces conférences – la première sera animée par Edouard Meier et Mathieu Fonsny, l’un des programmateurs du festival de Dour, alterneront les thèmes et les intervenants, entre Belges et « étrangers ». Après Jean-Benoît Dunckel, Nabil Ben Yadir et le duo de cinéastes flamands Adil El Arbi et Bilall Fallah passeront au crible ces nouvelles opportunités à saisir. www.facebook.com/residence.creatis.
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