Album - The Stylist
Artiste - Kelley Steltz
Genre - Rock
Label - Agitated Records
Son nom a nettement moins circulé que ceux de Tim Presley (White Fence) et de John Dwyer (Oh Sees), sur le label duquel il a d’ailleurs sorti quelques disques. Kelley Stoltz n’en est pas moins, comme les Fresh & Onlys, l’un des vétérans et parrains de la scène rock de San Francisco. S’il a tapé dans l’oreille de Jack White (qui vient de rééditer son deuxième album), de Chuck Prophet ou encore de Sixto Rodriguez, Stoltz reste un héros méconnu, un trésor caché, un musicien surtout adulé dans les cercles d’initiés.
Elevé à Birmingham sous la grisaille du Michigan, Kelley a 23 ans quand il fait, en 1994, ses premiers pas dans l’industrie de la musique par la petite porte. Une entrée en matière discrète. Il est alors stagiaire au management d’un certain Jeff Buckley. En charge du courrier de son fan club, il trie les lettres de suiveurs amourachés. Stoltz ne part s’installer sur la côte Ouest respirer pour de bon l’air de la City by the Bay qu’ à la fin des années 1990.
Comme Dwyer, Stoltz est un stakhanoviste. Son premier album, The Past Was Faster, est sorti en 1999 et The Stylist est déjà son dix-septième disque. Rien que ça. Il y joue de pratiquement tous les instruments et l’a enregistré dans son home studio de San Francisco. The Stylist, c’est un peu comme ça qu’il se voit, lui, l’érudit qui, ado, était déjà un furieux collectionneur de disques. Sa musique ne ment pas. Elle est celle d’un connaisseur à la fois marqué par le psychédélisme des sixties et la musique anglaise des années 1980.
Stoltz n’a pas été par hasard, le temps d’une tournée en 2016, le guitariste rythmique d’Echo and the Bunnymen. Il est tellement gaga de la bande à Ian McCulloch qu’il a entièrement repris son premier album Crocodiles (un remake intitulé Crockodials), a eu un cover band du même nom avec un membre de Pavement et s’est un jour fait offrir, par sa mère, une bombe de laque pour Noël afin de s’aménager la coiffure du patron. Pendant le confinement, Stoltz a même enregistré quelques chansons transatlantiques avec Will Sergeant.
Kelley est cependant aussi un enfant des Beatles, des Kinks et des Beach Boys. Tout ça s’entend, et fort, sur cet album enregistré début 2021 mais coincé depuis dans les embouteillages des usines de pressage. Guitares, synthés, boîtes à rythmes et chant à la Tim Presley: My Wildest Dream sonne comme un morceau de White Fence inscrit dans la modernité. Il y a aussi du Harry Nilsson, du Todd Rundgren et des Zombies chez ce vétéran américain qui, à ses heures perdues, bosse dans une boutique de disques et un magasin de guitares. The Stylist, dix chansons plus quatre bonus (dont une reprise de The Fall), pourrait être un best of. C’est juste un remarquable album de plus dans la carrière d’un beautiful loser et esthète de la pop.
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