Lady Gaga redevient zinzin sur son nouvel album Mayhem

Lady Gaga renoue avec son personnage de diva pop freak sur Mayhem
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Avec le tonitruant Mayhem, son nouvel album, Lady Gaga renoue avec ses extravagances freaky des débuts, tout en évitant la caricature.

Les premiers singles l’avaient annoncé. La sortie de l’album l’a confirmé : avec Mayhem, Lady Gaga revient à ses premières amours musicales. C’est un droit qu’ont acquis les plus grandes pop stars : celui de boucler la boucle, en réactivant les éléments qui ont permis d’accéder au firmament – en l’occurrence, l’électro-pop-dance freaky de The Fame (2008) et Born This Way (2011) Il faut cependant s’appeler Lady Gaga pour que « retour aux sources » ne sonne jamais comme un retour en arrière. Ou pire encore : comme la capitulation d’un artiste en manque d’inspirations nouvelles. Tout au long de Mayhem, Lady Gaga ne réinvente pas la poudre. Mais elle prouve qu’elle sait toujours l’allumer, avec un vrai feu d’artifice pop, enchaînant les morceaux aussi batailleurs qu’instantanés.

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Il arrive cinq ans après Chromatica. Dans l’intervalle, Lady Gaga n’a jamais vraiment disparu longtemps. Elle a par exemple publié un second album en duo avec Tony Bennett (en 2021), avant de creuser cette même veine jazz-pop sur Harlequin, la B.O. de The Joker : Folie à deux (2024). Un film dans lequel elle interprétait le rôle d’Harley Quinn, après avoir joué dans le House of Gucci de Ridley Scott (2021).

Certes, aucun des deux films n’a vraiment suscité de grands engouements. A chaque fois, la chanteuse a néanmoins tiré son épingle du jeu. Même sans le vouloir, Lady Gaga a continué d’occuper la scène pop. Comme quand un remix accéléré de son titre Bloody Mary est devenu viral, après avoir été accolé sur une scène de danse de Mercredi, la spin-off Netflix de la Famille Addams : si d’aucuns en auraient éventuellement douté, même la Gen Z connaît désormais la puissance de feu pop de Lady Gaga.

Lady Gaga, grande prêtresse pop

Avec Mayhem, Lady Gaga n’effectue donc pas son grand come-back. Sinon à elle-même. C’est un peu le pitch de l’album : il célèbre autant les premières musiques qui l’ont influencée, que le son qu’elle a elle-même contribué à mettre en place sur ses premiers disques. Celui de chansons qui multiplient à la fois les accroches, calibrées pour rentrer dans l’oreille, tout en cultivant toujours une certaine bizarrerie.

Plus souvent qu’à son tour, Lady Gagy incarne cette figure de freak borderline, minaudant autant qu’elle hurle. A l’instar d’un morceau comme Perfect Celebrity, qui évoque une version grand public des charges industrielles d’un groupe comme Nine Inch Nails. Produit avec le Français Gessafelstein, Killah est un funk carnassier, rappelant Prince et le Bowie période Outside; tandis que Zombieboy semble faire le lien entre Chic et la French Touch. Le tout mêlé à des références à la pop FM eighties – LoveDrug, Don’t Call Tonight ou le tube en duo avec Bruno Mars, Die With A Smile.

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Plus étonnant, le titre How Bad Do U Want Me sonne, lui, comme du Taylor Swift – au point que certains ont même cru y entendre sa voix. Une manière de rendre hommage à une camarade, de trois ans sa cadette, qui n’a elle-même jamais caché son admiration pour Lady Gaga ? Ou alors une façon subtile de glisser un commentaire méta sur l’ultra-célébrité qu’incarne aujourd’hui Swift, et tout ce qu’elle peut causer comme dissonances – « That girl in your head ain’t real », chante Gaga…

Miroir brisé

Il y a précisément 20 ans, Stefani Germanotta endossait pour la première fois le surnom de Lady Gaga. Depuis, elle a appris à se servir de cet alter ego, en en jouant, sans s’y enfermer. Il y a cette fameuse interview de 2011, au cours de laquelle le journaliste Anderson Cooper tentait de distinguer la personne du personnage : « C’est ce que me demande à chaque fois les photographes : « je veux photographier « the real you » ! Mais pas besoin de chercher, je suis là devant vous ! ». Sur Mayhem, Lady Gaga ranime précisément avec cette figure extravagante, avec toujours autant de… naturel.  Elle est plus que jamais cette star, capable de balancer des refrains bigger than life sur des productions électro-dance dérangées, à la fois redoutablement efficaces et détonant dans le paysage musical pop très sage du moment.    

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Sur la pochette de Mayhem, Lady Gaga semble se regarder dans un miroir brisé. On peut le prendre à nouveau comme une parabole de la fame, qui reflète et déforme à la fois. Dans le clip décapant d’Abracadabra, elle se dédouble de la même manière – à la fois possédée et grande prêtresse d’un ballet-opéra dance. Lady Gaga n’est pas la seule à avoir sollicité la magie ces derniers mois – du Houdini de Dua Lipa ou à l’Abracadabra d’Eminem. Mais avec Mayhem, elle prouve qu’elle maîtrise l’art de la prestidigitation pop comme personne. Ma sorcière bien aimée…

Lady Gaga, Mayhem, distr. Universal

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