La vie en jaune d’Adélys
Avec Toutes les fenêtres et les ruisseaux, coup de coeur de l’Académie Charles Cros, Adélys trouve sa voix, entre chanson voyageuse et pop électronique intimiste
Le code couleur? Le jaune! Comme le maillot ou la marque, la cire ou le ciré. Ou encore le pull qu’arbore ce jour-là Adélys. Même dans sa chanson Bruxelles les voiles, la chanteuse française xantophile voit le ciel passer du “jaune au gris”. Le morceau en question ouvre son premier album.
Intitulé Toutes les fenêtres et les ruisseaux, il a été composé quasi entièrement en une dizaine de jours dans un studio de la capitale. Une douzaine de chansons mutines, faussement légères, produites avec la Québécoise Mell. Entre refrains pop et textures électroniques, grands paysages (Tornetrask) et vallées intimes (La Montée des eaux), l’inspiration serpente. Et transforme, l’air de rien, les plus petits ruisseaux en fleuves tortueux -le climat qui dérape (Écoutez le Nord), le patriarcat à abattre (L’Araignée, Ton corps). Hospitalier, Toutes les fenêtres et les ruisseaux n’a pas forcément vocation à parler à tout le monde, mais bien à chacun. Le genre de disque attachant, susceptible de susciter le coup de cœur -comme celui que lui a par exemple décerné récemment l’Académie Charles Cros.
L’échappée belle
C’est bien connu: on ne s’ouvre jamais tant aux autres que quand on se balade en solitaire. En l’occurrence, Adélaïde Prud’homme de son vrai nom adore bourlinguer en solo. De Bruxelles à Québec en passant par l’Italie ou la Laponie. “Je suis née et j’ai grandi à Évreux. Une petite ville en Normandie, où il ne se passe jamais grand-chose. Je crois qu’il y a une partie de moi qui a peut-être eu peur de s’enterrer là-bas.” La musique est une première possibilité de s’échapper. Adélys “monte” à Paris pour étudier la musicologie, chante l’opéra au conservatoire. “Mais le costume était un peu trop large.” Jusqu’à ce qu’un jour, dans le métro, une mélodie se glisse dans sa tête. En sortant de la station, elle rentre dans l’église Saint-Eustache pour s’enregistrer. Les voies de la musique sont impénétrables…
En attendant, Adélys a trouvé la sienne. Même s’il faudra encore un peu de temps pour s’affranchir. Notamment du regard des autres, au masculin pluriel -“J’ai pas envie de commentaires/J’ai pas envie même de te plaire/J’ai pas envie d’être un décor” (Ton corps). Pour finir par trouver la bonne… couleur. “Le jaune, qui n’est pas associé à un genre en particulier, ni homme, ni femme. Avec un côté un peu enfant. Et qui sort en tout cas du côté “séduction”, qui me soûle. J’ai voulu enlever toutes ces couches, me débarrasser des exigences de la féminité comme “performance”. Et ce qui est marrant, c’est que depuis que j’ai fait ça, les gens s’intéressent à moi” (rires).
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