
Klaus Reimer, au temps des gitans
Parti en Roumanie l’été suivant la chute du mur de Berlin, le Bruxellois Klaus Reimer a photographié dans leur village proche de Bucarest les musiciens roms, futurs Taraf de Haïdouks, et leurs familles. Une exposition à découvrir durant Balkan Trafik.
Quand on connaît Klaus Reimer (1957), l’expo de ses belles images proposée au Point Culture de Namur, dans le cadre de Balkan Trafik (lire notre article), s’inscrit dans une certaine ligne de vie. Un foutoir un peu bohème, un peu « demain est un autre jour », mais aussi une passion pour la photographie argentique et l’idée de grignoter l’aventure, le Klaus étant sans doute un rien tzigane par nature.
Conjonction des astres: après une rencontre avec la réalisatrice bruxello-roumaine Marta Bergman et Frédéric Fichefet, tous deux frais émoulus de l’INSAS, Reimer embarque pour Bucarest fin juin 1990. En camionnette. Plus facile pour aller à Clejani, un bled situé à une quarantaine de kilomètres au sud de la capitale. La localité rom abrite le Taraf de Clejani, matrice du futur groupe Taraf de Haïdouks qui sera signé chez Crammed Discs et fera le boum-buzz à l’international, allant jusqu’à être invité par Johnny Depp dans son club de L.A. Cette fois-là et lors d’autres séjours ultérieurs, Klaus va littéralement vivre plusieurs semaines dans le village et en capturer les clichés exposés.
« Ce qui est formidable, c’est qu’on a été accueillis avec beaucoup de générosité. Du coup, on a passé une partie de l’été 1990 sur place. La vie villageoise était à l’époque une vie à la campagne comme on aurait pu la connaître il y a un siècle. Le changement de régime a permis qu’on loge sur place. On recevait à boire et à bouffer du matin au soir, ça en devenait même pénible, ils refusaient qu’on offre quelque chose. Donc on allait acheter dix kilos de fromage dans une ferme proche et on l’amenait, un peu en fait accompli! Ce qui est formidable aussi -et j’espère que ça se voit dans les photos- c’est qu’il y a eu une sorte de curiosité réciproque. Traduite en noir et blanc, parce que je trouve que ce format laisse davantage de place à l’imagination. »
Strada Lautariilor, jusqu’au 30/04 au Point Culture du Delta, Namur, du mardi au samedi, entrée gratuite. www.pointculture.be
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