Critique | Musique

Invités de marque et douce mélancolie colorent le nouveau Gorillaz

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© DR
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Album - Cracker Island

Artiste - Gorillaz

Genre - Pop

Label - Warner

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Le huitième album de Gorillaz, side project majeur de Damon Albarn, tape volontiers dans le mid-tempo spleen et invite une demi-douzaine de guests.

Damon Albarn carbure-t-il aux algorithmes? Drôle de question! Peut-être pas si l’on regarde la stratégie du présent disque qui évoque un strict effeuillage, stratégiquement minuté dans le temps. Où pas moins de cinq sorties en single se sont échelonnées depuis la parution de la plage titulaire fin juin 2022. Suivie, en même format, par New Gold, Baby Queen, Skinny Ape et tout récemment, fin janvier, Silent Running. Ne conservant donc pour Cracker Island, pas davantage que cinq inédits, ce qui paraît un peu maigre au rayon des surprises. L’autre élément étant que le scénario initial pressenti pour l’album était plutôt de paraître comme follow-up de la série web Song Machine, feuilleton audio et visuel distillé en chansons/clips sur le Net. Mais pratiquement chaque sortie de single de Cracker Island s’accompagne jusqu’ici de vidéos toujours d’une joyeuse dialectique entre animation et prises de vue réelles. La plus frappante est celle qui accompagne Silent Running. Sur un paysage de chœurs mélancoliques suivis d’un irrésistible jerk électronique, Gorillaz emballe ses personnages computérisés dans des bacchanales à la Eyes Wide Shut de Kubrick. Introduisant même la présence d’une créature à la Gollum.

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Parabole

Toujours avec en ligne de mire le décalage entre le cartoon maniaque et l’impeccable conduite musicale, Cracker Island pratique donc l’éclectisme viscéral. Jeu de piste du temps passant où Gorillaz emprunte le titre d’un vieux recueil de poèmes expérimental signé Dylan (Tarantula). Qui débute d’ailleurs par une phrase -“I think the sadness is comin’ again révélatrice d’une époque actuelle de désarroi et de cruauté. Damon chante “time ran out” et essaie d’en garder des traces sans qu’elles ne l’engloutissent. Peut-être la raison pour laquelle le mid-tempo s’invite fréquemment sur l’album (Silent Running, Baby Queen, The Tired Influencer), y compris dans le featuring du Portoricain Bad Bunny sur Tormenta, à la fois mélancolique et dansant, assez disco seventies. De manière différente, on reste dans les même couches mélangées lorsque Stevie Nicks, sur Oil, amène Gorillaz vers un territoire très “fleetwood- macien”. Le sentiment de ne jamais savoir ce que va amener le morceau suivant s’avère plaisant sans que la qualité globale ne défaille. Jusqu’au final de Possession Island: une parabole spleen et acoustique, tout en accords mineurs, où il est à nouveau question de regard sur le passé et le futur, celui de la mort. Et où Beck, ayant déjà collaboré avec Gorillaz fin 2020, amène un coucher de soleil californien dans une chanson qui se déploie sur les derniers mots “till the end”.

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