Infographies: le marché de la musique va mieux, merci.

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Lisa Burek
Lisa Burek Stagiaire

Le marché de la musique va mieux – il était difficile de faire pire. Sauf que, comme le dit le dicton, le mieux est l’ennemi du bien. Et que disent les chiffres? Que la musique en ligne prend vite de la place et que les Belges, malgré tout, aiment tenir un CD entre leurs mains.

La petite pente qui remonte et qui fait parler d’elle dans le milieu: l’année 2013 marque une hausse de 2.3% dans le marché. Mais qu’est-ce que ça veut dire, +2,3%? On sait que les grands succès (Daft Punk, Stromae…) de l’année dernière ont fait augmenter les ventes. Mais on sait aussi que le marché de la musique trouve (plus ou moins) à tâtons quelques solutions.

Le pas en avant de la musique en ligne en Belgique

Chiffres en millions d'euros. Physique: l'ensemble des ventes de musique sur supports physiques. En ligne: l'ensemble des ventes de musique en ligne et des revenus d'abonnements streaming. (Belgique)
Chiffres en millions d’euros. Physique: l’ensemble des ventes de musique sur supports physiques. En ligne: l’ensemble des ventes de musique en ligne et des revenus d’abonnements streaming. (Belgique)© Source: GFK Retail and Technology / BEA Music

Notre infographie parle d’elle-même: la musique en ligne prend un peu plus de place quand les ventes physiques quant à elles ne font que chuter.

« Aujourd’hui, beaucoup s’accordent à dire que le streaming est en train de transformer et de sauver l’industrie musicale, et les chiffres parlent pour nous », souligne Yann Thebault, directeur général de Spotify France pour IRMA. Le leader mondial du streaming musical ajoute sa part du marché: les utilisateurs payants augmentent petit à petit. En 2013, sur 24 millions d’utilisateurs, 6 millions payent un abonnement premium (soit plus de 20%). iTunes continue d’être le grand leader des téléchargements de la musique en ligne. La firme fêtait l’année dernière ses dix ans d’existence et enregistrait 25 milliards de téléchargements en 10 ans.

L’idée qu’il fallait avoir

1995. La société Real Networks diffuse son premier streaming audio. Pari visionnaire à une époque où la connexion Internet est encore en débit sporadique. A présent, en Belgique, cette technologie utilisée par les plateformes comme Deezer ou Spotify connait une croissance de 170%, soit 12% du marché, selon les chiffres de la BEA.

Le futur prévoit l’immatériel

Estimations de 2013 à 2017 sur les revenus du marché de la musique, en millions de dollars américains.
Estimations de 2013 à 2017 sur les revenus du marché de la musique, en millions de dollars américains.© Source: 2013 Global Entertainment & Media Outlook

« Si c’est une solution durable et saine, ce sont les prochaines années qui nous le diront », témoigne JF Jaspers, du label indépendant Jaune Orange. Match point. Les paris sont lancés. L’avènement de l’immatérialité s’érige dans les esprits des amateurs de musique. PwC (Pricewaterhouse Coopers, missions d’audits et expertises) se lance dans des estimations d’envergures. Les lignes du futur se trouveraient florissantes. En 2015, les ventes digitales généreraient ainsi plus de revenus que les ventes physiques. Les modes de consommation des utilisateurs semblent changer progressivement. Le CD ne deviendrait-il pas le nouveau vinyle?

Old school, la Belgique?

Pourcentages des revenus du marché de la musique en Belgique selon les supports.
Pourcentages des revenus du marché de la musique en Belgique selon les supports. © Source: Belgian Entertainment Association

Mais qu’en est-il de l’objet, dur, compact, que l’on manie entre ses mains, que l’on apprécie de ranger dans sa bibliothèque, que l’on prend soin à sélectionner selon l’artwork de sa pochette? En Belgique, tenir le CD entre ses mains, avoir l’objet dans les étagères de sa bibliothèque musicale reste le mode de consommation le plus utilisé. Après tout, « le son du vinyle est irremplaçable », disait Laurent Garnier. La vieille école ne lâche pas prise. « Les commandes se réduisent, les magasins se réduisent. L’objet CD est à la fois dépassé mais toujours utilisé », témoigne Jean-François Jaspers, directeur du label Jaune Orange.

« Je ne veux pas trop croire au Père Noël »

L’artiste, dans tout ça? La répartition des biens et des valeurs reste incertaine. L’année dernière, Thom Yorke, leader du groupe Radiohead, retire deux albums (The Eraser et Atoms For Peace) des sites légaux de streaming. La guerre est lancée. « Ne vous méprenez pas: les nouveaux artistes que vous découvrez sur Spotify ne seront pas payés », s’exprimait le chanteur sur Twitter. Beaucoup d’artistes mainstream comme La Roux, Adèle, Coldplay quittent ces plateformes pour témoigner de leur soutien. Colère des artistes, incertitude des consommateurs. Le round de la technologie et de sa « bonne » utilisation s’opère. Jean-François Jaspers pense même « qu’il n’y aura sans doute pas assez de place pour tout le monde ».

Les fameux +2.3% du marché de la musique en 2013 sont donc à prendre avec des pincettes: si la musique en ligne a un aspect prometteur, les solutions de financement sont encore à creuser. Réfléchir, essayer, tomber et se relever: la musique et son industrie pleurent mais ne meurent pas. Et la douleur a parfois du bon quand celle-ci est force créative. Le streaming, le retour vintage, les modes… Il faudra attendre encore quelques années pour avoir le recul sur cette génération biberonnée aux Internets du tout gratuit.

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