Il n’y a pas que les festivals cet été, il y a aussi les concerts en salle
Amorcée ces dernières années, la tendance des concerts en salle pendant l’été semble se confirmer. Explications et bons plans.
Traditionnellement réservé aux festivals, l’été de la musique se décline de plus en plus dans les salles de concerts. Celles-ci ne concurrencent pas Dour, Werchter, le Pukkelpop et les Ardentes (faut pas pousser) et continuent certes de fermer leurs portes pendant la majeure partie des vacances mais elles n’excluent plus désormais les événements dans leurs murs en cette période d’habituel mutisme. Cette année, l’ancien guitariste de Genesis Steve Hackett et la chanteuse évangélique au milliard de streams Lauren Daigle feront ainsi une halte à l’Ancienne Belgique en juillet. Travis Scott, Stevie Nicks et Justin Timberlake se paieront le Sportpaleis. Tandis que Soulfly s’arrêtera au Reflektor en plein mois d’août. « On n’aime pas programmer pendant l’été, explique Fabrice Lamproye du Reflektor. Dans la tête des gens, ce n’est pas un moment où tu assistes à des concerts en salle. C’est une période où tu vas voir des concerts dehors. Nous, on y va que s’il y a un public, une communauté de fans qui va suivre. Des propositions, on en reçoit. Mais on sait que le public ne sera pas là, qu’il sera soit en festivals soit en vacances.«
Au Grand Mix, à Tourcoing, juste à côté de Mouscron, on ne dit pas autre chose. La visite le 3 juillet de la Fat White Family dans le nord de la France reste exceptionnelle. « C’est vraiment très rare qu’on accueille des concerts en juillet et en août, commente son programmateur Julien Guillaume. Les gens ont la tête ailleurs et sont souvent partis de Lille. On lève d’ailleurs le pied dès le mois de juin. Déjà parce que normalement il fait beau. Puis parce que les festivals prennent le relais. En plus, il y a les fêtes d’école, les barbecues en famille. Je ne parle même pas de l’Euro de foot et de Roland-Garros (qui maintenant a en plus des sessions en soirée). J’ai d’ailleurs vérifié que les Bleus ne jouaient pas les soirs de concerts… De manière générale, juin n’est pas bon pour nous en termes de fréquentation. Donc, on fait vraiment attention. Même le mois de mai avec les ponts n’est pas toujours simple pour peu qu’il y ait du beau temps. On a cette année quelques dates qui marchent bien parce que la météo joue pour nous. C’est le seul intérêt de ce temps pourri. Quand tu as un grand soleil, tu as du mal à te projeter et à t’imaginer dans une salle obscure pendant deux ou trois heures.«
Les grandes vacances sont généralement consacrées aux infrastructures et aux congés du personnel. « Juillet, c’est le moment de la maintenance du matériel, de l’entretien, du démontage. Il y a aussi des années où tu as du changement de matos sons et lumières. Puis, il y a également toutes les mesures de sécurité. Il faut vérifier les ponts, le système d’accroche. S’assurer que tout est aux normes. C’est toujours à ce moment-là qu’on s’en occupe.«
Des dates pour rentabiliser
La plupart du temps, c’est donc l’occasion qui fait le larron. « On courait après la Fat White depuis un moment. Radical qui fait tourner le groupe en France avait une offre de festival le samedi et voulait profiter du voyage pour quelques dates en salle. Les Anglais font aussi la Coopérative de mai à Clermont-Ferrand. Même si les festivals paient bien, ça leur permet de rentabiliser. Et comme on n’avait pas de gros chantiers prévus cette année, ça a pu passer.«
Avant les groupes vendaient des disques. Parfois beaucoup de disques. Mais le métier de musicien a évolué et le concert est devenu de loin leur principale source de rentrées financières. C’est désormais le live qui les paie. Bien plus que le streaming, le vinyle et le CD. Rentabiliser au mieux la route et les concerts est devenu nécessaire. Ce n’est pas toujours évident l’année avec la concurrence. « On croule sous les offres et propositions. » C’est encore plus compliqué l’été. Les festivals se concentrant généralement sur les fins de semaine. Du jeudi (parfois le mercredi) au dimanche… « Les days off pèsent beaucoup sur l’économie d’une tournée. Il faut se loger, manger. Quand tu loues un bus, tu l’as tous les jours. Avec un ou deux chauffeurs et des frais assez conséquents. Il n’y a pas de secret. Plus tu joues, plus tu fais entrer de l’argent. » Le festival Days Off à Paris joue là-dessus et ne cache pas ses intentions.
En plus, le festival ne parle pas à tout le monde et ne touche pas tous les publics. « Il y a aussi des groupes qui n’aiment pas les festivals, qui s’y prêtent peut-être moins. Dont le public est plus âgé aussi, note Fabrice Lamproye. On a déjà réfléchi à organiser des concerts en extérieur avec un groupe en première partie pendant l’été. C’est ce que font le Lucca Summer Festival en Toscane et en quelque sorte chez nous le Olt Rivierenhof à Deurne.«
Sélection indoor
Belle and Sebastian – Le 29/06 à l’Ancienne Belgique, Bruxelles.
Après avoir annulé quelques tournées suite à des problèmes de santé, Stuart Murdoch, sa voix d’enfant de chœur et sa bande ont repris la route. Late Developers, le dernier Belle and Sebastian est sorti en janvier 2023.
Ty Segall – Le 02/07 à l’Aéronef, Lille.
Avant de s’arrêter au Sjock festival, à Gierle, le 6 juillet, pour la seule date belge de sa tournée, le petit prince du rock californien fera une halte en salle juste de l’autre côté de la frontière pour défendre Three Bells, son dernier-né.
Fat White Family – Le 03/07 au Grand Mix, Tourcoing.
Orpheline de son guitariste édenté, la famille la plus rock’n’roll et dysfonctionnelle d’Angleterre a dégainé avec Forgiveness Is Yours son premier album en cinq ans. Son leader, le spectaculaire et survolté Lias Saoudi, est dans la forme de sa vie…
Kevin Morby – Le 07/07 à l’Aéronef, Lille.
C’est le Bob Dylan du XXIe siècle. Le Neil Young des temps modernes. Bassiste de Woods, chanteur des Babies, Kevin Morby a en un peu plus de dix ans et sept albums sous son nom marqué de son inimitable empreinte l’histoire de la folk music américaine. Un concert seul en scène pour l’occasion…
Justin Timberlake – Les 03 et 04/8 au Sportpaleis, Anvers.
Ce n’est pas un mais deux concerts que le musicien, acteur (The Social Network, Inside Llewyn Davis…), danseur, producteur et entertainer donnera début août au Sportpaleis. Le Forget Tomorrow World Tour s’annonce spectaculaire. Rock your body…
Soulfly – Le 08/08 au Reflektor, Liège.
Fin des années 90, à la suite de désaccords personnels, Max Cavalera quitte Sepultura fondé en compagnie de son frère Igor en 1984 et se réinvente avec Soulfly. Toujours debout après moult remaniements, le groupe de métal américano brésilien continue de conjuguer brutalité, hargne et mysticisme.
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