Haim, Turnstile, Tropical Fuck Storm, etc: on écoute quoi, cette semaine?

Haim sort I Quit, 4e album bourré de mélodies instantanées et revanchardes.
Laurent Hoebrechts Journaliste musique
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Les guitares sont de sortie, avec les nouveaux albums de Tropical Fuck Storm, Turnstile, The Bug Club. Mais aussi Haim et Léonie Pernet.

1. Haim – I Quit

Charli XCX, une fan, l’a encore affirmé récemment sur scène: après le Brat summer de l’an dernier, le prochain été devrait être celui de Haim. Pas compliqué à imaginer tant la musique des trois soeurs – Danielle, Este et Alana – a tendance à refléter son environnement californien. Leur nouveau I Quit ne se limite cependant pas à serpenter, cheveux au vent, dans les collines d’Hollywood. Pour la première fois, ont-elles expliqué au magazine Rolling Stone, les trois frangines se sont retrouvées célibataires en même temps –à la production sur les trois premiers albums du groupe, et compagnon de Danielle jusqu’en 2022, Ariel Rechtshaid a été remplacé par l’ex-Vampire Weekend, Rostam Batmanglij.

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Des ruptures qui ont pu laisser des traces amères –Blood on the Street et sa guitare country-blues. Mais qui insufflent aussi une nouvelle énergie à Haim, passant du funk désabusé de Relationships à l’americana touchante de The Farm. Après avoir cité George Michael (Freedom! 90) sur Gone, le morceau d’ouverture, Haim s’amuse encore à sampler le Numb de U2 –l’un des rares titres des Irlandais chanté par The Edge, sur Zooropa. Dans le clip du morceau en question, le guitariste subissait stoïquement les tracasseries du monde extérieur. Celles dont Haim a l’air de vouloir désormais se débarrasser, Danielle confirmant: «It’s time to let go.» ● L.H.

Distribué par Universal.
La cote de Focus : 4/5

2. Tropical Fuck Storm – Fairyland Codex

On ne va pas se mentir. Peu de groupes apparus ces dix dernières années dégagent autant d’intensité (à la Nick Cave) que cette bande de fiévreux Australiens. Né sur les cendres (ou du moins la pause carrière) de The Drones dont Fiona Kitschin et Gareth Liddiard sont membres (ils viennent de se reformer pour deux concerts caritatifs), Tropical Fuck Storm débarque avec son quatrième album. Il s’en est passé des choses depuis la sortie en 2021 de Deep States. Liddiard a publié un disque avec ­Springtime, le supergroupe qu’il anime aux côtés de Jim White (Dirty Three) et de Chris Abrahams (The Necks). Tropical Fuck Storm a ­partagé un EP, Satanic Slumber Party, avec King Gizzard and The Lizard Wizard et dégainé un album de reprises (Submersive Behaviour). Mais le groupe a aussi été contraint d’annuler des dates de tournée hors Australie pour que Kitschin puisse faire soigner un cancer du sein.

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Fairyland Codex est une odyssée. Un voyage épique inspiré par des glissements de terrain fatidiques et l’effondrement imminent de la société. Un album acide, anarchique, abrasif, aux voix masculine et féminine, aux guitares inventives et incendiaires. La politique de la terre brûlée faite disque. ● J.B.

Distribué par Fire Records/Konkurrent. Le 4 septembre au Reflektor, à Liège, le 6 septembre au Club Wintercircus,à Gand.
La cote de Focus : 4/5

3. Turnstile – Never Enough

Il ne faut pas chercher longtemps sur Internet pour dénicher des vidéos d’enfants dansant, voire sautant de scène, sur la musique de Turnstile. Du punk, de 7 à 77 ans ? C’est un peu l’histoire qui colle aux baskets du groupe de Baltimore, Maryland, USA. A moins qu’ils n’entretiennent eux-mêmes délibérément l’oxymore – du hardcore grand public, vraiment ? C’est surtout évident depuis le succès de leur 3e album. Publié en 2021, Glow On étirait les limites d’un genre dont l’essence est, au contraire, de les tenir plutôt bien serrées. De quoi faire de Turnstile une exception au sein d’un mouvement accro à l’idée d’une musique intègre, où la moindre tentative d’ouverture est souvent vue comme une concession.

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C’est encore plus le cas sur le nouveau Never Enough, le genre de sortie à être accompagnée désormais d’un « album visuel ». Pour illustrer la largeur du spectre exploré par le quintet – désormais sans Brady Ebert, son guitariste fondateur -, on peut par exemple se pencher sur l’enchaînement entre Seein’ Stars – quelque part entre le Bowie de Let’s Dance et les tubes de The Police, la voix de Brendan Yates évoquant toujours davantage Sting – et Birds, dont le synthé bourdonnant introduit une charge hardcore frontale. Ailleurs, Dreaming claudique sur un rythme reggaeton, piqué de cuivres pimpants.

En lisant les crédits, on découvre encore que le flutiste jazz Shabaka apparaît sur Sunshower, tandis que le producteur hyperpop A.G. Cook a mis son grain de sel dans le bien nommé Dull. A ce stade-ci, les fans de la première heure ont certainement déjà quitté le navire. Les autres salueront à nouveau l’ouverture d’un disque à haut potentiel et aux refrains mainstream assumés, mais toujours un peu hirsute, et dans lequel on ne s’ennuie en tout cas jamais longtemps. ● L.H.

Distribué par Warner.
La cote de Focus : 3,5/5

4. Léonie Pernet – Poèmes pulvérisés

Pour le titre de son troisième album, Léonie Pernet a pioché dans un recueil du poète résistant René Char. Une lecture qui lui a procuré un véritable choc esthétique, explique la musicienne/productrice et aussi, de plus en plus souvent, chanteuse. Au même moment, la trentenaire visitait également pour la première fois le Niger, pays de ses racines paternelles. De ce voyage remuant, Léonie Pernet en a tiré en partie la matière d’un album kaléidoscopique et fracturé.

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Un disque-ovni qui n’a souvent besoin que de trois minutes pour multiplier les angles de vue, alternant intime – L’horizon ose, entre chanson et rêverie électronique; le touchant Nymphéas – et rage plus politique – Dispak Dispac’h, samplant des manifestants sans-papiers. Ou enchaînant new wave percussive aux refrains entêtants – Touareg, Paris-Brazzaville – et paysages plus apaisés – Réparer le monde. Et avec la poésie comme super pouvoir émancipateur. ● L.H.

Distribué par InFiné/CryBaby. Le 3/10, au festival Francofaune (Bruxelles).
La cote de Focus : 3,5/5

5. The Bug Club – Very Human Features

Ils ont des bonnes têtes, des sourires contagieux et des chansons imparables. Originaires de Caldicot, petite ville d’une dizaine de milliers d’habitants célèbre pour son château médiéval, Sam Willmett et Tilly Harris sont sans doute ce qui est arrivé de mieux à la musique galloise depuis l’éclosion de Cate Le Bon. Antidote au défaitisme, remède efficace à la morosité, le Bug Club est un digne héritier du slacker rock et du freak folk. Un rejeton de Pavement et de Dinosaur Jr. Un cousin de Jeffrey Lewis et des Moldy Peaches.

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Au-delà de la décontraction et d’un côté détendu du slip, il a surtout le don de trousser des morceaux qui titillent l’oreille, trottent dans la tête et se chantent sous la douche. Avec un sens de l’humour patent et un tas de solos de guitare jamais chiants. Le quatrième album du Bug Club n’est pas le plus évident et le plus charmant de sa discographie mais il reste au-dessus de la mêlée, gagne sur la longueur et se répand en cas d’exposition intensive. Very human after all… ● J.B.

Distribué par Sub Pop/Konkurrent.
La cote de Focus : 3,5/5

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