Rock Werchter : Sum 41, comme sur des roulettes
Les Canadiens ont rappelé Werchter au bon et potache souvenir du skate punk.
On aurait pu mettre l’accent sur Maneskin et éclairer l’étonnant succès d’un groupe italien passé des paillettes de l’Eurovision aux podiums de méga festivals. On a préféré se pencher sur le cas d’une autre tête d’affiche bizarre de ce Rock Werchter 2024: les vieux punks à skate de Sum 41… Leurs clips, qu’ils soient déguisés en hard rockeurs ou transformés en figurines GI Joe, vous le confirmeront. Sum 41, c’est le rock American Pie (certains de leurs morceaux figurent d’ailleurs dans la franchise). Un punk pour ados peuplé de pom pom girls, d’étudiants en rut et de blagues potaches. Sous-genre très populaire au tournant de ce siècle chez les amateurs de sports de glisse extrêmes, le skate punk est apparu dans ce qu’il a de plus pop durant les années 90 sous le soleil de Californie et s’est assez étonnamment accroché aux planches. Bien aidé par MTV il faut dire.
Blink-182 a longtemps incarné l’idéal du punk à roulettes. La bande de copains qui jouent les demeurés et se promènent à poil en rue. Mais Sum 41 est aussi parvenu à tirer son épingle à nourrice du jeu. Groupe canadien originaire d’Ajax dans l’Ontario, Sum 41 a débarqué au skate park début des années 2000. Surfant sur la vague Blink Blink et pompant allègrement ses aînés. De The Offspring à Green Day.
Toujours un peu crétins, bruyants et tatoués, les Canadiens, qui ont désormais la quarantaine, aiment encore les guitares qui crachent et l’humour qui tache. Ils n’en ont pas moins annoncé leur séparation imminente. Sorti en mars dernier, Heaven :x: Hell, sera leur dernier album. Et qui dit dernier album dit aussi, dans leur cas, ultime tournée. Canons à fumée, flammes à la Rammstein et confettis pour faire chier le service de nettoyage… Sum 41 essaie de réveiller les grands enfants un peu couillons qui sommeillent en nous. Et à voir l’ambiance, les vieux qui se sautent dessus comme des gamins et les ados qui connaissent les paroles, ça a relativement l’air de marcher malgré quelques intempestifs problèmes de son.
Les mecs jouent avec Smoke on the Water et Seven Nation Army, reprennent le We Will Rock You de Queen… Emmené par Deryck Whibley, 44 ans, ancien mari d’Avril Lavigne, en t-shirt Guns N’ Roses sans manche, Sum 41 n’a pas inventé la poudre et laissera une trace négligeable dans l’histoire du punk. Mais il incarne assurément quelque chose. Son Spotify chiffre en centaine de millions d’écoutes. Et on n’a d’ailleurs pas le souvenir d’avoir vu beaucoup de groupes à crêtes avec une place aussi avantageuse (comprenez à 21h15, en tête de gondole) sur l’affiche du mastodonte de l’été festivalier.
Puis, il n’y a quand même pas beaucoup de punks dans le monde à qui on a réclamé six millions de dollars pour un hot-dog. L’un des membres du groupe en avait lancé un sur le plaignant lors d’un match de base-ball en 2002. Le malheureux avait justifié son action par le traumatisme subi et sa réputation ternie. Cette histoire ayant selon ses dires entrainé la baisse du chiffre d’affaires de son commerce. Bref. Pas de hot-dog volant à Werchter mais un show à l’américaine et un carton pour son tube In Too Deep. Sum 41 s’arrêtera une dernière fois en Belgique le 23 octobre pour un ultime concert au Palais 12. Enfin à l’ING Arena. It make sense…
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