Billie Joe Armstrong et sa bande ont célébré le 4 juillet à coups de tubes, de pétards, de flammes et de Fuck Donald Trump.
«Don’t wanna be an American idiot. Don’t want a nation under the new mania. And can you hear the sound of hysteria? The subliminal mindfuck America.» Le 21 septembre 2004, alors que les élections présidentielles pointaient le bout de leur nez, Green Day sortait son septième album studio. American Idiot a été construit comme un opéra punk qui retrace la vie de Jesus of Suburbia. Un antihéros qui déserte sa banlieue pour aller chercher une vie meilleure en ville, mais qui y sera confronté à la solitude et à l’intolérance. American Idiot est aussi une charge hautement explosive contre la politique de George W Bush alors en course pour un second mandat.
Alors qu’un lapin bourré est monté sur scène pour chauffer la foule sur le Blietzkrieg Bop des Ramones, que Bohemian Rhapsody, la Marche impériale de Dark Vador, We Will Rock You et I Love Rock’n’Roll retentissent dans les enceintes pour faire patienter les festivaliers, les Californiens débarquent sur scène avec la chanson qui a donné son titre à son album le plus engagé. Et ça tombe bien, ce vendredi, on est le 4 juillet, jour de fête nationale au pays de l’Oncle Sam, du vilain Donald et des rêves brisés.
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C’est sans doute ce qui explique le succès, la popularité transgénérationnelle et le côté rassembleur de Green Day. Si avec American Idiot (son disque le plus représenté dans la setlist de vendredi), le groupe originaire de Berkeley tenait sa deuxième masterpiece, elle lui a permis de renouveler son public dix ans après la sortie de Dookie. L’album de sa consécration, mais aussi sans doute l’un des plus influents des années 90. Là où Nevermind de Nirvana a consacré le grunge et sa détresse, Dookie a, avec Smash d’Offspring, ramené le punk et le fun sur le devant de la scène…
C’est ce mélange d’entertainment, de grand spectacle, d’humour et d’engagement citoyen que Green Day a célébré, vendredi, pendant quasiment deux heures, son quatrième concert à Werchter après ses performances de 2005, 2010 et 2013. Et les Californiens savent s’y prendre. Le temps, déjà, semble avoir aussi peu de prise sur la gueule et la voix de son chanteur et guitariste, Billie Joe Armstrong (53 ans), que sur celles de Nicola Sirkis (les comparaisons s’arrêtent là).
Green Day aime les clins d’œil et les petites intros. Que ce soit Iron Man de Black Sabbath, Free Fallin’ de Tom Petty ou l’hymne national américain. Mais il apprécie aussi le grand spectacle, les flammes et les explosions. Werchter, habitué à voir passer des avions par-dessus sa tête, a ainsi eu droit à une espèce de montgolfière dessinée avec un visage triste et la mention BAD YEAR en mode largage humanitaire. Il est difficile de s’ennuyer devant les pitreries de Tré Cool, Mike Dirnt et Billie Joe, toujours prêt à la grimace, à faire chante le public ou à l’inviter à scander Fuck Donal Trump. Puis, il y a quand même une flopée de tubes dont les quadras connaissent les paroles par cœur. Long View, Welcome To Paradise, Brain Stew, When I Come Around et l’inévitable, l’incontournable Basket Case… Green Day, ça reste plus de 75 millions d’albums vendus et dix milliards de streams. 36 ans de carrière, cinq Grammy Awards et une place au Rock and Roll Hall of Fame. Comme il le chante avant de sortir de scène, il espère que vous avez passé le meilleur moment de votre vie. On ira peut-être pas jusque-là, mais on s’est bien marré…