Les Ardentes J2 : Make US rap great again…

Aux Ardentes, Swae Lee n’a pas hésité à mouiller (et retirer) le maillot.
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Pour leur deuxième journée de festival, les Ardentes avaient prévu un important contingent de rappeurs américains, de Gucci Mane à Ken Carson. Bilan contrasté…

C’est une longue histoire. Déjà avant de rejoindre les hauteurs de Rocourt, les Ardentes étaient déjà l’un des rares festivals – avec Dour et Couleur Café – à inviter régulièrement des rappeurs américains. Pendant longtemps, ceux-ci ne lui ont toutefois pas toujours bien rendu. Non-shows, annulation de dernière minute (parfois en cascades, comme lors de l’édition 2019), retards (sans compter les fameux « hello Brussels ! » toujours cocasses en terre ardente). Chaque annonce semblait ainsi un pari. Le festival a cependant eu raison d’insister. Ces dernières années, il a pu ainsi créer l’événement en accueillant des stars comme Kendrick Lamar (qui remplit aujourd’hui des stades), Asap Rocky (annoncé au Pukkelpop, il vient d’annuler sa venue), Nicki Minaj, Tyler The Creator, Pharrell Williams, Doja Cat, Travis Scott, Playboi Carti, etc.

Pour son cru 2025, le festival liégeois pouvait à nouveau compter sur quelques belles cartouches ricaines. Avant le grand retour de Young Thug dimanche, la journée de vendredi avait déjà quelques noms importants à proposer. En déboulant en fin d’après-midi sur la plaine, on tombe ainsi sur Gucci Mane, légende de la trap. On gardait un bon souvenir de son premier passage en 2017. Cette fois, le rappeur d’Atlanta s’est contenté de dérouler paresseusement sur la grande scène. Il faut dire qu’en face de lui, le public était clairsemé. Et éventuellement trop jeune pour vraiment connaître le parcours du pionnier – certains n’étant même pas nés, lorsqu’est sorti son premier album, Trap House, il y a tout juste vingt (!) ans.

Coeur coulant

De l’ambiance, il y en avait déjà nettement plus pour le concert de Ken Carson, sur la scène Big Eye. Pendant l’essentiel de son passage, un nuage de poussière a ainsi plané sur les premiers rangs déchaînés. « I’m the lord of chaos/I got the moshpit in control », annonçait ainsi le protégé de Playboi Carti sur son dernier album, More Chaos, sorti au printemps. Promesse tenue. Mais en laissant surtout faire le boulot par le public lui-même. Seul sur scène, Ken Carson se contente en effet de toiser froidement son audience, faisant vriller son autotune métallique à coup de hurlements sauvages. A la limite, la posture pourrait coller à son rôle de MC SM, si elle ne donnait pas l’impression qu’il est surtout venu cachetonner. Du rage rap ? Oui, mais alors très rentrée…

Sur la scène principale, PartyNextDoor est lui resté fidèle à sa réputation de chanteur-lover lascif – voire lubrique. Avant de revenir en août avec son pote Drake – le 7, au Sportpaleis, pour promouvoir leur album commun, sorti en début d’année – , il a présenté un show R&B certes minimaliste mais au cœur coulant. Arrivant avec le quart d’académique de retard, il est accompagné de six danseuses légèrement vêtues. La bonne idée est de leur laisser prendre en main le show – PartyNextDoor passant même les premiers morceaux à l’arrière-plan, restant planqué dans le couloir du club. Le tout filmé de manière à donner l’impression d’assister au tournage en direct d’un clip. Soigné donc, mais toujours pas de quoi mobiliser la grande foule.

Au même moment, sous le chapiteau Da Hood, Swae Lee a, lui, moins de mal à électriser le public. Il faut dire que la moitié de Rae Sremmurd est connu pour mouiller le maillot (au point de rapidement devoir l’enlever) lors de ses concerts. Il n’a pas failli à sa réputation, prenant manifestement beaucoup de plaisir à être là. Sauf qu’il a aussi oublié un peu trop souvent de rapper pour se contenter d’ambiancer. Dix minutes avant l’horaire annoncé, il quitte d’ailleurs déjà la scène. Le boulot accompli, mais de manière un peu trop automatique.

Et 6ix9ine ? Le jour-même, le festival a dû annoncer qu’il ne viendrait pas (remplacé par… Anyme). Au même moment, on apprenait également que Trippie Redd était arrêté à l’aéroport de Miami, alors qu’il devait prendre son avion pour l’Europe. Et les Ardentes, où il était censer jouer ce samedi. Certaines traditions ont décidément la dent dure…

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