Graspop: Tool, déjà le concert du weekend?
La bande à Maynard James Keenan a triomphé jeudi en ouverture du Graspop Metal Meeting.
Officiellement, le heavy metal est né un vendredi 13. Le 13 février 1970. C’est ce jour-là que sort le premier album de Black Sabbath, un groupe britannique dont le chanteur a séjourné en prison avant de travailler dans un abattoir et dont le guitariste a été amputé de deux phalanges de la main droite alors qu’il suivait un stage en métallurgie. L’aura satanique du groupe fut jugée assez crédible pour entraîner l’annulation de leur première tournée aux Etats-Unis. S’il est désormais loin le temps où le metal faisait peur, il semble aussi tout doucement révolu celui où le metal était moqué, snobé. En manque de reconnaissance et de crédibilité. N’en déplaise aux grincheux. Arte est désormais partenaire du Hellfest. Les Inrocks lui consacrent un recommandable Hors-série. Et le genre est exposé à la Philharmonie de Paris (jusqu’au 29 septembre). Le succès populaire étant quant à lui toujours au rendez-vous. Alors que certains festivals jouent leur survie cet été et peinent à se remplir, le Graspop affiche ce week-end à nouveau complet. 220.000 personnes en quatre jours. Et il a été couronné ce jeudi, le premier, par un énorme concert de Tool.
Comme durant toute leur tournée sur le vieux continent entamée à Hanovre le 25 mai, les Américains se sont promenés à Dessel dans toute leur discographie et ont pioché dans leurs cinq albums. Mais ils ne se sont pas comme ailleurs trop appesantis sur le dernier en date Fear Inoculum. Tool n’a plus sorti de disque depuis 2019…
Son leader Maynard James Keenan, toujours capillairement au top avec sa crête au vent, n’aime pas parler de nouvelle musique. Il trouve ça irresponsable et préfère ne causer de rien avant de l’avoir entre les mains. Pour comme il dit: éviter d’exciter les gens avec quelque chose qui n’existe pas. Keenan n’en a pas moins souligné que cette fois-ci, Tool ne pourrait attendre quatorze ans (treize longues années ont séparé 10,000 Days et Fear Inoculum) pour débarquer avec un nouvel album. Bientôt la délivrance? Un peu plus loquace et moins mystérieux, son bassiste Justin Chancellor allait plus loin et mentionnait la possibilité pour les Américains d’entrer en studio une fois revenus de leur virée européenne. Il faut dire que Tool a une approche toute personnelle de la musique et de l’art. Un jusqu’au-boutisme rare. Puis que Keenan est un mec particulièrement occupé. Il vient de décrocher une ceinture noire dans l’art du jiu-jitsu brésilien, a des vignobles et des restaurants à gérer et a fêté son 60e anniversaire en grandes pompes cette année. Pour l’occasion, il a donné une série de concerts regroupant Primus et ses deux projets parallèles: A Perfect Circle et Puscifer. Un événement accompagné par le Sessanta E.P.P.P. présentant des titres co-écrits par ses soins pour les trois projets.
L’humour a souvent été lié aux activités musicales de Keenan. Il a intégré le stand up de Bill Hicks dans les premiers travaux de Tool et Puscifer est né en 1995 dans l’émission de sketchs Mr Show. A un moment où il cherchait à explorer un côté plus léger et où Tool s’enfonçait dans des territoires conceptuels plus profonds. Tool est sombre. Complexe. Unique. Dense. Intense. Presque une anomalie commerciale. Les visuels sont combla musique. Psychédéliques et obsédants. Mystérieux et hypnotisants. Pas question de montrer sa tronche sur les écrans géants. Mais Keenan se cache moins que d’accoutumée. Et le batteur Danny Carey a enfilé un body phosphorescent, hommage à l’oeuvre Psychic Energy System de l’artiste Alex Grey, un de leurs collaborateurs de longue date, créée en 1980 sur la structure des chakras (Grey se cache aussi derrière la pochette du In Utero de Nirvana). Pendant une petite heure et demie, Tool a captivé son audience et l’a emmenée loin. Très loin. Déjà le meilleur concert du weekend?
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