On a assisté au concert des Vulves Assassines, à Dour: Sur toutes les lèvres

Dour Festival. (Photo by HATIM KAGHAT/BELGA MAG/AFP via Getty Images)
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Tube de manif, appels punk et technoïdes à la rébellion… Les Vulves Assassines sonnent l’heure de la révolte sur le dancefloor. A Dour, les furies ont dézingué l’extrême droite, le patriarcat et la réforme des pensions.

«La retraite à 60 ans. On s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder. » Vendredi, au coeur de la nuit, le Garage, la scène la plus rock (et aussi de loin la plus petite) du festival de Dour avait des allures de manif décadente et survoltée. Pour le coup, les casseurs était des casseuses. Et elles faisaient ça sans batte. En musique.

Gang de rue qui s’est un beau jour mis à chanter sur les camions de la CGT, Vulves Assassines a pondu l’hymne des manifestations contre la réforme des pensions. Ça gueule. Ça rappe. Ça invective. Ça donne envie de tout retourner en sautant et en hurlant des textes aux allures de slogans. Les Vulves Assassines rêvent de changer le monde. Et en attendant de prendre la place de Macron, elles revendiquent le droit comme les hommes de monter sur scène même quand c’est mauvais et de se foutre la honte devant les copains.

Cousines sauvages et pas sages des Bérurier Noir

Duo devenu trio après la rencontre de Samy leur guitariste, les Vulves Assassines ont donné leurs premiers concerts dans les réseaux militants. Chez les gauchos, les filles en révolte, les lesbiennes, les gays, les bis, les trans et les autres. Marxistes et féministes, cousines sauvages et pas sages des Bérurier Noir et autre Ludwig Von 88, Les Vulves Assassines font dans le synth punk et le rap technoïde.

La musique d’autoscooters pour renverser le patriarcat? Pourquoi pas? Ici, on exprime sa colère au deuxième degré et crache sur le dancefloor la rage et l’incrédulité qu’inspire la société. DJ Conant et MC Vieillard traitent de la lutte des classes, du chômage, de l’état d’urgence, de l’IVG et du consentement. Les Parisiennes qui ont quand même intitulé un de leurs morceaux J’aime la bite mais pas la tienne (dans leur catalogue, il y a aussi Chômeur branleur et Derrick était un nazi) tacklent également le Rassemblement national et ses électeurs mal embouchés. «Les Champignons, c’est comme l’extrême droite. Ca fait des taches… dégueulasses,» scandent-elles sur leur dernier single sorti le 3 juillet.

Plus percutantes, subversives, drôles et efficaces que les Bretons de Dalle Béton qui étaient sur la même scène, la veille, avec leur bétonnière, les Vulves Assassines ont le sens de la fête et de la révolte. Un peu comme si Sexy Sushy avait mangé de la vache folle sur un barbec autour d’un rond point. Ça vole pas super haut certes mais c’est la preuve vivante, marrante et remuante que le militantisme n’est pas chiant par essence.

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