Le meilleur de Dour J5: du «petit plus» d’Astéréotypie à la claque Justice

Dour Festival. (Photo by HATIM KAGHAT/BELGA MAG/AFP via Getty Images)
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Retour sur les derniers frissons du Dour festival, cuvée 2024.

Le plus lover: Donny Benét

Il est magnifique Donny Benét avec ses longs cheveux, sa calvitie plus que naissante et sa belle moustache d’acteur porno allemand des années 70. Artiste post disco, amoureux sophistiqué (c’est d’ailleurs le titre d’une de ses chansons), l’Australien a mis du love dans les coeurs et fait sauter les braguettes. Le sexe, le kitsch, le groove… Konichiwa! (J.B.)

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Le plus nostalgique: Girls in Hawaii

De retour sur les routes pour fêter les 20 ans de leur premier album, From Here To There, les Girls in Hawaii ne pouvaient que s’arrêter au festival de Dour cet été. Eux qui y ont donné le quatrième ou cinquième concert de leur existence sur la main stage.

C’était un premier jour. Autour de 17h. En 2002. Et ce fameux premier disque qui allait marquer à tout jamais la pop belge et le rock wallon n’était même pas encore sorti. «Je me souviens on était chez un pote tout pété, racontait il y a quelques mois Lionel Vancauwenberge. Il nous demandait à quelle heure on jouait et où. On avait été voir dans notre boite mail qu’on ne consultait jamais et on s’était rendu compte que c’était sur le podium principal. Capacité 15.000 personnes. Je me rappelle de la petite crise de panique.» C’était le temps où les Girls se bourraient la gueule tout l’après-midi pour oser monter sur scène.

Dimanche, avec les projections d’époque qui filaient moins un coup de vieux qu’elles offraient un voyage nostalgique dans le temps, les Brainois ont joué From Here To There dans l’ordre devant une Petite Maison dans la prairie enthousiaste et solidement garnie à défaut d’être blindée massacre. Touchant. (J.B.)

Le plus brut: Astéréotypie

«Il faut cultiver la différence et non l’indifférence», comme disaient trois grands philosophes français au milieu des années 90… Né en 2010 au sein d’un institut médico éducatif, Astéréotypie te les enverrait promener à coups de claque dans la tronche. Astéréotypie rassemble des musiciens aguerris (notamment des membres de Moriarty) et des autistes qui n’ont pas leur langue en poche. Textes atypiques et phrasé survolté. Astéréotypie a tout défoncé. Cousins français des Choolers, du Wild Classical Music Ensemble et de Chevalier surprise, ces artiste bruts de décoffrage «chopent dans la culture qui les assomme les éléments saillants pour se repérer dans la tourmente». Et dans leur bouche, les mots sonnent autrement.

Les MC’s pas comme les autres sont assis en rang d’oignon sur le côté de la scène et se passent le micro tout au long du concert. Parfois avec un petit mot gentil. «Va-y. Donne tout.» Révélation par la musique. Inclusion par la culture. Le son est post punk, bruitiste, furieusement entraînant… C’est brut. Surréaliste. Et carrément irrésistible. Le public, fatigué mais survolté, ne s’y trompe pas. Extrait de leur deuxième album auquel il a donné son nom, Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme assure le carton. Le disque a beau être sous-titré La Vie réelle est agaçante, tout le monde y est retourné lundi après un week-end intense. Merci Astéréotypie. (J.B.)

Le plus flamboyant : Oscar & The Wolf

Mégastar au nord du pays, le projet de Max Colombie reste encore relativement sous les radars en Wallonie. En ce jour de fête nationale, Oscar & The Wolf est donc venu se challenger de l’autre côté de la frontière linguistique. Baroque, sa pop électronique ne se refuse aucune extravagance. Quitte à glisser dans le pompier. Mais avec toujours les moyens de ses (grandes) ambitions. A Dour, Oscar & The Wolf a en effet mouillé le maillot (celui qu’il a fait floqué « Dour 2024 ») et sorti les tout grands moyens – avec huit danseurs, une scénographie autour d’un cube lumineux hypertravaillée, un light-show balèze. Comme en mission. Parfaitement accomplie pour le coup. (L.H.)

Les plus cliniques : Justice

Avec les Libertines et les Girls in Hawaii rejouant leur premier album plus tôt dans la soirée, on se serait presque cru de retour dans les années 2000. Confirmation avec Justice. Le duo français vient pourtant de sortir un tout nouveau disque – Hyperdrama, qui gagne à la réécoute. Mais c’est encore son premier album qui sert d’ossature principale à un son concert. Un set en mode quasi best of, qui aurait pu ronronner si Justice n’y mettait pas les formes. Celles d’un show lumières sidérant. Un blitzkrieg visuel, composé essentiellement de traçantes blanches, coupées ici et là de teintes plus cuivrées. Quelque part entre l’alerte anti-aérienne et un dance-floor post-apocalyptique. (L.H.)

Le plus superflu : le backeur de SCH

Alors qu’avec ses camarades jurés, il consacrait Youssef Swatt’s comme grand vainqueur de la saison 3 de Nouvelle école, lors de la finale diffusée dimanche soir, SCH était sur la Last Arena de Dour. Sans vraiment forcer son talent. Se perdant même à un moment dans des morceaux plus downtempo. Mais avec assez de titres marquants que pour contenter les troupes. Et puis toujours, cette manière vicelarde de poser, assez unique en son genre, qui se suffit à elle-même. Pas besoin d’y rajouter quoique ce soit. En tout cas pas un backeur, totalement invisible sur son estrade. Certes, la fonction est ingrate : il ne faut ni en faire trop, ni trop peu. Mais dans le cas de SCH, elle s’est avérée inutile. (L.H.)   

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