Dour : tops, flops et bilan d’une édition en vitesse de croisière

A Dour, Hamza a enchaîné tubes et titres issus de son récent Mania © The Den Club III
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Dimanche, la 35e édition du Dour festival a fermé ses portes avec des têtes d’affiche intégralement belges – Hamza et Charlotte de Witte. Bilan d’un événement toujours bien planté sur ses appuis.

Dimanche, à Dour, Hamza et Charlotte de Witte ont eu le privilège de refermer la programmation de la Last Arena. Le premier, sous un déluge qui aura rincé la plaine en 10 minutes à peine. La seconde, avec une averse de beats techno qui aura lessivé les derniers festivaliers. Un rappeur bruxellois, une DJ/productrice gantoise, chacun célébré dans son genre : une belle marque de confiance envers les artistes locaux. Et un bon résumé de deux genres qui attirent aujourd’hui le plus de monde à Dour.

Et il y en a eu, tout au long du week-end. Avec bon vendredi et un gros samedi, le festival devrait au moins égaler la fréquentation de l’an dernier (autour des 220 000 personnes). Toujours ça de pris, dans un contexte compliqué. Lors d’un week-end où Tomorrowland aura dû improviser une nouvelle main stage en quelques heures, et les Francos de Spa gérer les polémiques autour de la venue d’Amir, le festival hennuyer a même vécu une édition presque pépère, compensant les difficultés de plus en plus évidentes à trouver des grosses têtes d’affiche exclusives, par le fameux « esprit Dour ». Pardon, on voulait dire Doureuuuuuuuh.  

Les +

Une affiche sans queue ni tête, mais avec du coeur.  Qui est le public de Dour ? A quoi ressemble son noyau dur ? Est-il celui qui squatte l’immense Balzaal, sorte de festival dans le festival, entièrement laissé aux mains des DJ ? Ou alors celui qui vient assister en masse au concert de Bigflo & Oli, sous la drache, à la Last Arena ? Ou bien encore, celui, tout aussi nombreux, qui se gave des beats gabber opératiques du duo ascendant vierge sur le coup de 2h du matin ? On serait bien en peine de le dire. Il reste en tout cas le cœur battant de Dour. A la fois festif et curieux, il reste malgré tout ouvert à une programmation qui, comme peu d’autres rendez-vous de l’été, zigzague entre les genres.

Les paris réussis. Refrain connu : la concurrence entre les festivals est rude. Pour dénicher des têtes d’affiche rassembleuses, Dour a dû à nouveau se creuser les méninges. Le rap français est évidemment toujours un bon filon. Mais avec les Ardentes deux semaines avant, difficile de mettre la main sur de grosses exclus – SDM ou Hamza, par exemple, étaient déjà présents à Liège… Certes, Dour a pu mettre s’offrir le concert-performance de FKA Twigs, inédit en Belgique cet été. Mais pour le reste, il a dû un peu bricoler. Par exemple en allant piocher des noms prestigieux mais sans actualité directe (Stormzy, The Streets). Ou en offrant un créneau privilégié à des groupes qui ont marqué son histoire (Parcels, La Femme). Des vrais paris, mais qui se sont révélés largement gagnants, à la fois qualitatifs et rassembleurs.        

Notre Top 5 de 2025
1. FKA Twigs. concert ? performance ? spectacle de danse ? le show de FKA Twigs était tout cela à la fois, éblouissant dans la forme, passionnant sur le fond.

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2. Theodora. Pour sa seule scène belge de l’été, Theodora a renversé la Boombox, incarnant plus que jamais le futur de la pop, avec son mélange décomplexé des genres.

3. Saint Levant. Combiner engagement politique et musique, discours engagé et célébration festive, oui, c’est possible. La preuve avec le concert euphorique de Saint Levant.

4. Stormzy. Sans nouvel album mais avec un band au taquet et un charisme fou, le rappeur anglais a livré une revue rap de haute tenue.

5. Lambrini Girls. On ne s’est pas pressé dans le Garage, le chapiteau réservé au rock (plus ou moins) dur. Cela n’a pas arrêté le groupe de Brighton, qui a livré un set punk engagé, aussi sec que carré.           

Les –

Les stands de nourriture. Certes, on n’est jamais venu à Dour – ni à aucun autre festival – pour manger étoilé. Et les stands uniformisés ne font pas semblant de vous vendre du rêve. Mais entre les frites froides et les durum pas cuits, vendus à des prix devenant franchement ridicules (7 euros la frite andalouse), difficile de ne pas avoir le sentiment de se faire plumer.

La Last Arena avant 20h. Au fond, un festival comme Dour, a-t-il besoin d’une scène principale ? En journée, coincée tout au bout du site, la Last Arena donne en tout cas souvent l’impression de naviguer au petit bonheur la chance, les groupes se retrouvant à jouer souvent devant un public clairsemé.

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