Dour J3: Nana Benz du Togo, l’étoffe des grandes
Emmené par trois prêtresses africaines, les Nanas Benz du Togo défendent la nature et bousculent la société patriarcale en musique. Bougez bougez…
«Nous voulons retrouver la place qu’ont perdue nos mères dans la société patriarcale africaine. Qui ne respecte pas les femmes, ne respecte pas la nature. C’est elle qui nous nourrit. C’est elle qui nous vêtit. La nature, c’est la mère de tous les hommes.» Après les jeunes Béninoises du Star Feminine Band l’an dernier, ce sont les Nana Benz du Togo qui militaient cette année à Dour pour l’émancipation de la femme africaine.
A la base, les Nana Benz sont des femmes togolaises spécialisées dans la vente du tchigan, un tissu imprimé à la cire néerlandaise. De 1960 en 1980, ces reines du textile ont fait fortune dans le commerce de pagnes en wax hollandais. Elles les achetaient au Ghana et les vendaient à d’autres commerçants de la région. En côte d’Ivoire ou au Bénin. Pas toujours alphabétisées, elles se sont révélées expertes en négoce international et ont réalisé des chiffres d’affaire considérables.
Premières femmes africaines à devenir millionaires, elles voyageaient dans le monde entier. Possédaient des villas et roulaient en Mercedes Benz. D’où leur surnom, symbole de réussite. Les Nana Benz étaient riches et puissantes. Elles avaient des relations dans le milieu politique et vivaient dans le luxe. Elles ont investi dans l’immobilier, la culture, les structures de santé et en faveur des enfants. Mais leur activité entrepreunariale a décliné dans les années 90 à cause de la contrefaçon, de la concurrence et des évolutions sociopolitiques.
Une rencontre improbable
Composé de trois chanteuses et deux musiciens, le groupe est né il y a quatre ans d’une rencontre improbable pendant un atelier piloté par Peter Solo, le chanteur, chef de file et d’orchestre de Vaudou Game (Pas Contente). Tout en chant et percussion, les Nana Benz proposent une musique Do It Yourself ancrée dans les traditions. Des morceaux de leur propre composition et des chants hérités des rituels vaudou chantés en mina, en éwé, en anglais ou en français, et joués sur des instruments de leur fabrication.
Originaires de Lomé, la capitale, les Nana Benz font ce qu’elles appellent du Digital vaudou et ont sorti leur premier album Ago le 16 juin sur le label parisien Komos. «Quand je dis non c’est non. Quand je dis oui c’est oui. Tu dois me laisser tranquille si je n’ai pas envie de toi.» Le message est clair. Le public conquis. La troupe a mis une super ambiance avec sa transe organique électronique et ses inflexions soul qui prônent le respect de la planète et de ses habitants. Les Nana Benz militent pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes mais aussi pour la protection de l’environnement. Irrésistible.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici