Couleur Café s’est terminé dimanche, en combinant à nouveau succès public (sold out sur le fil!) et qualité musicale. Retour sur les raisons du succès d’un festival définitivement pas comme les autres.
Un joli sold out. Une affiche qui a tenu toutes ses promesse, sans aucune grosse annulation à gérer. Et, cerise sur le gâteau, avec une météo idéale. Ce week-end, Couleur Café a à nouveau réussi son coup. On va commencer à se répéter, mais, depuis son arrivée au Heysel, l’événement a trouvé un nouvel élan, qui a toujours l’air de le porter. Plus petit des gros, ou plus gros des petits, Couleur Café a déniché la formule sinon parfaite, en tout cas celle qui lui va le mieux. Bien sûr, au plus fort de l’affluence, on circule difficilement dans la rue du Bien-Manger. Et se rendre aux toilettes, comme dans tout grosse manifestation du genre, reste une épopée… Mais, pour le reste, sans jouer la surenchère, le festival réussit à combiner ambiance conviviale et qualité musicale, diversité de l’affiche et du public. La meilleure manière de démarrer la saison.
1. Une affiche différente
Tout le monde le clame. Dans un contexte généralisé de hausse des coûts, notamment l’inflation des cachets, il est de plus en plus compliqué de monter une affiche. Fidèle à sa ligne de conduite, Couleur Café a malgré tout réussi à proposer une programmation multigenres, à la fois populaire et différente. Quel autre festival peut ainsi inviter des stars mondiales comme le Nigérian Davido? Mettre en avant des artistes belges comme Dystinct, inconnus du grand public, mais qui cartonnent à l’international? Ou offrir la tête d’affiche qu’elle mérite, à l’Argentine Nathy Peluso ?
2. Un festival bruxellois
Couleur Café a eu raison de soigner son identité bruxelloise. Elle se ressent à la fois dans le public – « cosmopolite », mélangeant Bruxellois francophones, flamands, immigrés – qu’ils viennent du Rond-point Schuman ou de la place Liedts. Elle se retrouve également dans l’affiche qui fait la part belle aux artistes belges en général, bruxellois en particulier – de Jazz Brak à la sensation Camille Yembé, de la chanteuse jazz Jazmyn au rappeur Godson
3. Politique en soi
L’été sera chaud sur le front des festivals ? Il risque surtout d’être très politique, les artistes étant poussés de plus en plus à prendre position dans un monde au bord du chaos . Avec la crainte éventuelle que les concerts ne se transforment en grand meeting ? A Couleur Café, ce week-end, la fête n’a en tout cas jamais empêché l’engagement. Et vice-versa. On pense par exemple à Baloji qui a dénoncé sur scène, à la fois l’homophobie encore très présente, et la situation au Congo, qui n’émeut toujours pas grand-monde. Le Français Tif a lui mis l’accent sur Gaza (« ce n’est pas l’histoire d’un peuple contre un autre, c’est une histoire d’humanité« ), tout en ramenant sur scène un t-shirt Justice pour Mehdi. Pour autant, on n’a pas eu l’impression d’être submergé par les revendications et les prises de position. Peut-être parce, à un moment où le repli sur soi semble gagner chaque jour du terrain, l’ouverture musicale de Couleur Café est déjà un manifeste en soi ?
4. Ambiance garantie
Cela fait longtemps qu’un festival ne peut plus se contenter d’aligner les concerts. Il doit avant tout être une EXPÉRIENCE. Ce qu’a toujours été Couleur Café, qui, dès ses premières éditions, a soigné les à-côtés. Au Parc d’Osseghem, il a trouvé le terrain quasi parfait pour continuer à cultiver cette partie-là de son identité. Sans grand tralala, mais avec pas mal de justesse, fun et décomplexé. A l’image du véhicule pimpé Mad Max, circulant à travers les allées du festival, façon Carnival, avec, à son bord, tantôt Jan Paternoster (The Black Box Revelation) venu essayer de nouveaux morceaux, tantôt K.Zia, accompagnée de ses copains de Niveau 4 (et de sa maman, Marie – Zap Mama – Daulne)
