Esperanzah ! sauvé des eaux ? Remodelé, le festival se donne de l’air

© PAULINE WILLOT
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

A l’abbaye de Floreffe, dimanche, le festival Esperanzah ! a pu compter sur MC Solaar, Zaho de Sagazan et… le soleil, pour attirer la grande foule. Et, avec 27 000 spectateurs rassemblés pendant le week-end, souffler un peu

MC Solaar a beau avoir parfois l’air dans son monde, il sait bien où il met les pieds. « On est très heureux de jouer dans un endroit où l’on peut à la fois se nourrir la tête et danser. Et qui porte aussi des belles valeurs de solidarité. Bravo au festival ! » Le rappeur a raison de souligner. Ce n’est pas partout pareil. Dans l’univers des festivals, Esperanzah ! reste un rendez-vous un peu à part, à la fois musical et engagé. Ce qui a de la valeur. Et un prix.

L’an dernier, le bateau, lancé sur l’eau en 2002, avait bu la tasse financièrement. Dos au mur, il a dû changer à la fois le fond : pour se refinancer, l’asbl s’est transformée en coopérative, la première du genre. Mais aussi la forme : en revenant à trois jour de festival et en repensant l’animation des différentes scènes. Résultat : quelque 27 000 spectateurs se sont pressés à Floreffe, ce week-end, annoncent les organisateurs. Un peu moins que les 30 000 espérés, certes. Mais cela devrait suffire. Sinon à retrouver tout de suite l’équilibre, au moins à se servir de cette édition comme base de travail pour l’avenir.  

Un nouveau visage pour Esperanzah!

C’est visiblement la journée du samedi qui a causé le plus de soucis. L’annulation de la tête d’affiche du jour, le Congolais Innos’B, a peut-être joué un rôle (il a été remplacé par le récent gagnant de Nouvelle école, Youssef Swatt’s). Mais plus certainement, la météo n’a pas aidé. Comme l’an dernier, la pluie s’en est à nouveau mêlée, et a pu doucher l’enthousiasme de ceux qui attendent la dernière minute pour acheter leur ticket. La plupart des événements doivent jongler avec cette incertitude. Mais dans le cas d’Esperanzah !, c’est sans doute encore l’un des points à travailler, un des facteurs de risque à réduire.

Dimanche, en tout cas, la grande foule était bien présente. Comme le soleil, arrosant généreusement l’abbaye de Floreffe. Même s’il n’est pas parfait, le site en question reste d’ailleurs encore et toujours l’un des atouts d’Esperanzah ! Il a servi de terrain de jeu à un festival remodelé, qui avait l’envie de mieux répartir ses « forces vives » sur les différentes scènes. Comment ? En multipliant les podiums (de deux à sept !) et en les identifiant plus clairement. Il y avait par exemple souvent de la file pour rentrer dans la Turbine, où ont défilés les DJ électro pendant tout le week-end. Dans son rôle de défouloir, la Rugissante a également su rameuter du monde – notamment lors des karaoké live, organisés chaque soir. Et la Nova proposait une progra assez audacieuse que pour attirer les oreilles les plus curieuses.

MC Solaar en mode best of

Malgré cette diversité d’offre, le Jardin, au sommet de l’abbaye, a continué de fédérer. Il a même pu paraître parfois un peu étroit pour accueillir les têtes d’affiche du jour. Comme MC Solaar, par exemple. Accompagné de son groupe – basse-batterie-DJ -, le rappeur a débarqué à Floreffe en mode best of, mettant l’accent sur ses deux premiers albums. Même le fidèle Bambi Cruz était de la partie pour célébrer les classiques tels Obsolète, Bouge de là, ou Western moderne. Hormis le titre Dingue, tiré de son dernier disque sorti au printemps, Claude MC pioche allègrement dans les glorieuses années 90. Lancé dans un medley, il fait même remonter ses collaborations américaines de l’époque avec Guru (Le bien, le mal) et Missy Elliott (All N My Grill).

En concert, MC Solaar est parfois rattrapé par sa nonchalance naturelle. A Esperanzah !, il est cependant parvenu à occuper la scène et investir le moment – y compris dans des morceaux comme Solaar pleure. En toute fin, pour remercier le public de son énergie, il cite même du… Sttellla « Mon boomerang s’appelle reviens ». Le concert feel good du jour.

On aurait pu croire que, juste derrière, la tête d’affiche du jour Zaho de Sagazan allait revenir à des humeurs plus sentimentales. Mais même un titre comme Tristesse prend ici des airs de fête électro. La jeune révélation, 24 ans à peine, n’oublie évidemment pas de parler des « oiseaux » et des « nuages ». Mais plutôt que de s’installer confortablement dans le fauteuil de néo-Barbara qu’on lui a préparé, elle préfère investir la piste de danse.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Dès le milieu du set, madame rave toujours plus fort. Preuve supplémentaire que si elle ne refuse pas le succès populaire, elle veut l’embrasser à sa manière. Sous le dance-floor, l’air de rien, ce sont d’ailleurs à la fois les idées de liberté mais aussi d’inclusivité qui s’expriment. Des notions qui ne sont manifestement pas si banales et évidentes que ça. Zaho de Sagazan a pu s’en rendre compte récemment : la musique est toujours d’une manière ou d’une autre politique. Foi d’Esperanzah !      

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content