Esperanzah! J1: ganja et jasmin
L’une des « voix » du printemps arabe fait du trip hop. Et Camille Bazbaz s’amuse avec un vieux rasta.
On se barre de temps en temps (qui a dit souvent?) avant la fin des concerts à Esperanzah!. Pas pour aller voir autre chose. Les groupes jouent chacun à leur tour. Mais parce que souvent, ils sont chiants. Intéressants certes. Mais chiants. L’histoire d’Emel Mathlouthi est passionnante. Son discours aussi. Fille d’un militant de gauche dont les convictions se heurtaient à celle du régime de Ben Ali, Emel a découvert la liberté dans la musique contestataire latine, américaine et arabe. Elle a grandi dans des groupes heavy métal et gothiques. Trippé Dylan, Pink Floyd, Joan Baez. A fait son chemin dans le circuit alternatif, souffert d’intimidations compte tenu de ses activités dans les syndicats d’étudiants et participé à la finale du premier prix RMC Moyen Orient (c’était en 2006) avant de partir s’installer à Paris. Depuis, sa chanson Kelmti Horra (2008) est devenu un hymne de la contestation et via un concert à Sfax au moment où commence le soulèvement de Sidi Bouzid, Emel est érigée chanteuse de la révolution.
Mathlouthi, dont le premier album, Kelmti Horra (Ma parole est libre) est sorti en début année, a collaboré avec Tricky. Et sa musique, c’est un peu du trip hop engagé en tunisien. Accompagnée d’un batteur, d’un guitariste et d’un mec aux machines, la jeune femme chante le calme longtemps synonyme de peur dans les pays arabes. Une reprise du Hallelujah de (celui qui répond Jeff Buckley a une claque sur le coin de l’oreille) Leonard Cohen. Sympa. Sa voix finit malheureusement par taper sur le système. Côté cour, la rencontre entre Camille Bazbaz, le franco-libanais du Cri de la mouche, et le Jamaïcain Winston McAnuff, est des plus anecdotiques. Du reggae de seconde zone. Pas de quoi tomber baba. Juste de sortir la ganja. Avec CocoRosie, The Heavy et DJ Vadim, la soirée s’annonce plus excitante.
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