Elzo et Silio Durt: le punk au bout du crayon

Du 2 au 17 mai, les sérigraphies et autres travaux psychédéliques des frères belges Elzo et Silio Durt seront exposés à la Centrale des Arts Urbains de Liège. Portrait d’une famille déglinguée comme on les aime.

Ils jouaient près des étangs d’Ixelles en dérouillant les gosses du quartier, dévalaient les pavés de Bruxelles en skate détraqué. Et le rock, et le punk, et du psyché dans les oreilles, comme pour s’imprégner de cet univers et mieux en recracher sa déferlante visuelle. Elzo et Silio Durt semblent alors comme vomir leurs oeuvres de leurs esprits barrés; des vomitos multicolores reluquant les artistes de la scène musicale rock punk et garage.

Elzo et son punk-art

Vous vous rappelez certainement les artworks d’albums et posters de La Femme, Thee Oh Sees, Feeling Of Love, Frustration, Cheveu, J.C Satan… Des sérigraphies aux couleurs vives type pop-art, inspirées d’anciennes gravures et piquées de thèmes lugubres? C’est Elzo Durt, et son style si particulier de psychédélisme contemporain, presque hors cadre. Un punk de sérigraphe. Un chevalier noir qui prend pour épée sa furieuse inspiration et qui apporte son art à la musique – les pochettes d’albums (entre autres).

Diplômé en graphisme à l’ERG (Ecole de Recherches Graphiques) en 2003, le jeune homme ouvre sa galerie et maison d’édition un an plus tard, la Plin Tub’. Petit à petit, le jeune fera son bout de chemin. On ne passe certainement pas inaperçu avec de pareilles sérigraphies. Le talent paye parfois et le bouche à oreille fera la suite.

Et maintenant? L’énergumène a pris son envol, et pas des moindres. Marques de fringues (Lacoste), de snowboards et skateboards (Carhartt, Rome, Flip…) même le journal Le Monde lorgne sur l’univers d’Elzo. Et parce que l’hyperactivité développe les meilleurs projets, l’artiste a même monté il y a deux ans avec son ami Froose son propre label, Teenage Menopause Records. Le nom est évocateur. Punk rock jusqu’au bout, n’est-ce pas.

Silio Durt, le trash

Silio Durt, c’est le deuxième punk de la famille qui travaille ce genre de dégueulis colorés avec lequel on voudrait volontiers repeindre nos murs. C’est l’enfance et ses dessins bancals. C’est le crayon qui ravage la feuille blanche. C’est la violence instinctive qui déstructure l’espace. Mais le tout réfléchi, pensé, organisé. Comme un jeu auquel l’artiste s’amuse, encore et encore, du sérieux au grotesque.

Diplômé lui aussi de l’ERG, Silio Durt se rapproche indéniablement des travaux du Mongol Jovial. Comme un doigts d’honneur à la raison et les lignes trop parfaites, les espaces aseptisés et trop lisses. Silio Durt salit volontairement ses toiles de couleurs vives, éclatantes. Ça éclabousse, de partout. Ça fait splashhh et baaam. Ça jaillit et ça jouit.

Les deux frères se suivent de près mais aucun ne se terrent dans l’ombre de l’autre. Les univers s’accordent plutôt comme l’on peut associer le rock et la guitare: inévitablement aimantés mais non indispensables l’un à l’autre pour exister. C’est sans doute un peu de tout ça, être élevés à la Durt: une dose de punk, de bière et de talents sans contrefaçon.