E = Manu Chao au carré
Comme attendu, le chanteur franco-espagnol a pompé toute l’énergie des festivaliers d’Esperanzah! ce jeudi soir.
« Pase lo que pase, sea lo que sea… Proxima estacion: Esperanza! » Dans le mille. Sans blague! Manu Chao à Esperanzah!, c’est comme si Sardou beuglait sa soupe sur les bords du Connemara. En terrain conquis. Celui d’un festival au patronyme directement inspiré par un album du bateleur franco-espagnol. Un festival qui, comme en 2007, s’offre une journée (complète, dans le cas présent) supplémentaire pour accueillir son parrain. On était là en 2007. Tornade. Les ronchons ronchonneront, qu’ils se fassent plaisir, mais Manu Chao en concert, c’est du TNT. Parce qu’il ne lâche rien, jamais, et que son Radio Bemba Sound System, remodelé depuis en La Ventura, a une colonie de fourmis dans les jambes. Sept ans plus tard, même combat. Ca saute, ça sue, ça ne s’arrête jamais. Après plus de deux heures et quart de concert, les 12 000 festivaliers peuvent enfin relâcher la pression. Vidés. Il est 1h30 du matin. Entre-temps, Manu aura assuré l’essentiel de ses hymnes, ses Clandestino, Desaparecido et autres Bongo Bong revisités rythmiquement. Et les bombes de la Mano Negra, toujours aussi fulgurantes. Le tout en prenant bien soin de rappeler qu’il n’était pas là pour vendre des gaufres: « La Fifa, va te faire enculer!« , « Netanyahou, arrête le massacre!« , « Fuera Monsanto! » et autres slogans en faveur du peuple sahraoui ou des musiciens de rue barcelonais. La foule acquiesce. The right man at the right place, en somme.
Et musicalement, me direz-vous, avec un poil d’impatience. Et bien Manu fait du Manu. On a parfois l’impression d’assister à une seule et même chanson étirée sur un concert entier. Avec la même courbe « début coolos – explosion ska – sauts – sueur – retour au calme » pendant plus de deux heures. Mais on s’en fout. Parce que l’énergie du bonhomme est plus communicative qu’une réunion Belgacom-Base. Parce que sa Ventura est pleine de vieux briscards survoltés aux trognes sorties tout droit d’un film dialogué par Audiard. Parce qu’il n’y a pas de mal à se laisser frétiller à coups de « Oh yo, oh yo yo yo« , repris en communion par l’assistance, comme à un concert de Coldplay trempé dans la solidarité altermondialiste. Bref, comme à son habitude, Manu a fait le travail et plus encore, la cinquantaine n’ayant manifestement aucun effet notoire sur lui ni sur ses gars. « Vous êtes fous, Floreffe!« , « On est ensemble, on est ensemble!« , le poing sur le coeur, la sincérité plaquée aux lèvres et à son singlet Radio Bistro. Comme on le disait, les ronchonneurs vont ronchonner. Mais nous, probablement avec l’immense majorité des 12 000 festivaliers présents, on savoure.
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