Dans l’intimité de Bob Dylan
Entre les étés 1964 et 1965, Daniel Kramer photographie la vie, sur scène et surtout en dehors, du jeune Bob Dylan. Un plantureux livre Taschen livre une intimité d’exception.
Après plusieurs mois d’assaut téléphonique du management de Dylan, Daniel Kramer se voit inopinément invité à Woodstock pour une session photo avec l’icône. On est le 27 août 1964 et le photographe new-yorkais débarque donc dans la maison campagnarde du manager Albert Grossman, à deux heures de bagnole de Manhattan. Lieu de rendez-vous avec le folkeux fameux qui y séjourne régulièrement. Dylan n’a pas encore glissé dans son intense misanthropie vis-à-vis des médias, mais décline l’idée du portrait posé: il propose à Kramer de le saisir au naturel. Cette première session serait presque banale si le sujet -qui vient de révolutionner la chanson américaine contemporaine- ne se laissait prendre dans des non-poses inattendues: grimpant dans les arbres ou jouant d’un fouet avec son pote Victor Maymudes.
Ce noir et blanc graineux aux antipodes des artefacts supposés de la célébrité plaira suffisamment à Dylan et Grossman, le manager terrible, pour que Kramer se voit convier à suivre le Bob dans l’année qui suit. Douze mois essentiels où Dylan déconcerte et révolte une partie de son public folk en passant son répertoire à l’électricité. Si Kramer loupe le sacrilège inaugural -le 25 juillet 1965 à Newport-, il est là un mois plus tard, lorsque la même controverse prend place devant les 14 000 spectateurs du stade de Forest Hills, dans le Queens. Entretemps, il a accumulé des centaines d’images -dont quelques pellicules couleur- qui témoignent d’une période où incertitude et aventure -et pas seulement musicale- cohabitent plutôt joyeusement. Par exemple en studio lorsqu’il boucle Bringing It All Back Home, premier album enregistré avec un groupe, et puis dans sa relation amoureuse avec Joan Baez. Sources d’images uniques qui ont la beauté et l’énergie d’une jeunesse où tout s’annonce encore possible.
Bob Dylan: A Year and a Day, de Daniel Kramer, éditions Taschen, 280 pages. ****
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