Critique | Musique

“Dance, No One’s Watching”, le bouillant album groove d’Ezra Collective

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Le quintet jazz londonien sort son troisième album. © Temi Adegbaybi
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Album - Dance, No One's Watching

Artiste - Ezra Collective

Genre - Jazz-Soul

Label - Partisan

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Sur son vibrant troisième album, le quintet jazz londonien Ezra Collective fait mijoter un groove mâtiné de soul, d’afrobeat, de reggae… Un véritable appel à la danse. Et à l’unité.

Festival de Dour, juillet dernier. Du côté de la Petite Maison dans la Prairie, ça s’échauffe, ça s’excite. Ça pogote même. Bon sang, Didier, ce n’est plus de notre âge! Et, surtout, ce n’est pas la musique prévue pour. Mais c’est Dour. Et, sur scène, c’est Ezra Collective. Non pas la dernière hype punk-rock, mais un quintet jazz instrumental capable de transformer le moindre chapiteau de festival en étuve.

Constitué de Femi Koleoso (batterie), son frère TJ (basse), Joe-Armon Jones (claviers), Ife Ogunjobi (trompette) et James Mollison (saxophone), Ezra Collective (en concert le 01/11 à l’Ancienne Belgique) est resté fidèle à sa réputation. Dans une scène jazz londonienne particulièrement remuante, le groupe a mis au point un groove capiteux et généreux, qui ne s’éloigne jamais très longtemps de la piste de danse. C’est plus que jamais le programme du nouvel album, leur troisième. Enregistré dans les studios Abbey Road, son titre est explicite: Dance, No One’s Watching.

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Piste de secours

Il arrive deux ans à peine après Where I’m Meant to Be. Un disque qui a remporté le très prisé Mercury Prize, en 2023 -une première pour une formation jazz! Dans la foulée, Ezra Collective se lancera dans une longue tournée mondiale, qui s’étendra de Madrid à Tokyo, en passant par New York ou Singapour. À quelques jours d’intervalle, le groupe s’arrêtera également au Royal Albert Hall de Londres et au fameux… club Shrine, à Lagos. Jouer dans l’antre du grand Fela a forcément dû avoir une importance particulière pour une formation dont les trois cinquièmes sont d’origine nigériane.

L’afrobeat reste d’ailleurs l’un des ingrédients principaux de Dance, No One’s Watching. Après avoir laissé rentrer la foule à l’intérieur du club, immergé dans des vapeurs reggae (Intro), Ezra Collective lâche directement les chevaux avec The Herald, rythmique funk serrée, cuivres offensifs. Plus loin, Ajala -du nom d’un journaliste nigérian, célèbre pour avoir parcouru le monde en vespa- transpire encore davantage, évoquant les transes du maître précité. Bouillant, Ezra Collective ne se cale toutefois pas sur un seul rythme. Shaking Body, par exemple, emprunte des nuances à la palette cubaine, tandis que sur God Gave Me Feet for Dancing, Yazmin Lacey prolonge l’été, lovée dans un écrin afro-jazzy scintillant. « When the hard life comes, together we’ll dance as one », console notamment la merveilleuse chanteuse soul.

Car Dance, No One’s Watching n’est évidemment pas qu’un simple appel à la danse. Avec sa pochette rappelant les peintures Harlem Renaissance d’Archibald Motley, et ses interludes parsemés de cordes, il est aussi une sorte de rituel. Et, comme toute bonne fête, un appel au collectif. Celui qui se crée sur la piste, comme celui qui se mobilise dans la rue. Ou celui que l’on entend par exemple chanter en chœur, en toute fin, sur Everybody. La conclusion émouvante d’un disque qui célèbre le pouvoir unificateur de la danse. One nation under a groove…

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