Couleur Café J1 : Disiz a toujours de l’amour à vous donner

A 46 ans, Disiz ne vieillit pas. © Couleur Café - Marius Burgel
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Vendredi, Couleur Café a fait le plein. Sans la superstar sud-africaine Tyla, qui a annulé la semaine dernière. Mais avec Disiz, pour consoler tous les cœurs cabossés.

Comment vieillir dans le rap? Inutile de poser la question à Disiz. Invité à ouvrir la soirée, vendredi, sur la scène principale de Couleur Café, le rappeur français, 46 ans, ne vieillit pas. Par contre, il mûrit et évolue. Et ce, avec une grâce et une liberté que beaucoup de ses collègues doivent lui envier. Cela n’a pas toujours été le cas. Après un premier hit en 2000 – J’Pète les plombs -, celui qui s’est longtemps fait appeler Disiz la Peste a pu louvoyer, semblant parfois piégé par le succès. Petit à petit, il a réussi pourtant à s’émanciper. Notamment en tentant régulièrement des nouvelles pistes musicales. En déstabilisant d’abord. Avant de se retrouver ensuite célébré par une époque qui a définitivement aboli les chapelles musicales.

A la fin de son concert, sur la Red stage, il prend ainsi le temps de faire ce qu’il n’a pas « l’habitude de faire » : célébrer sur scène le nouveau disque de platine à ajouter à sa collection. Un premier belge!, pour celui qui a des racines au pays (son grand-père) et de multiples connexions (de Stromae à Prinzly, Hamza, Damso, etc).

Il lui est remis pour son album intitulé L’Amour. Publié en 2022, le disque a grandi lentement dans les oreilles du public pour devenir finalement son plus gros carton. Avant de clore pour de bon le chapitre et de passer à la suite – par exemple son label Sublime, sur lequel il a réussi à rassembler déjà quelques-uns des plus beaux espoirs du rap francophone, comme Rounhaa ou Luther -, Disiz relance donc cet été une dernière volée de concerts en festival.

Disiz, rappeur « chelou »

Le discours amoureux de Disiz est d’abord celui d’une rupture. Et c’est ce fil qu’il suit aussi bien sur disque que sur scène. Après l’intro exotica d’Henry Mancini (Lujon), le rappeur démarre donc avec Tue l’Amour« J’observe au ralenti notre chute ascensionnelle/D’un couple bien huilé avec ses baisers fonctionnels », pour décrire la relation qui se délite. Puis Sublime « Ces coups dans le dos, ces choses cachées », pour définitivement enterrer le couple. Disiz rappe au sommet de son escalier, assis, les pieds dans le vide. Prêt à sauter? Cela reste en tout cas une manière culottée de lancer un concert, a fortiori sur la scène principale d’un grand festival. L’audace de Disiz est aussi là.

Le concert démarre vraiment avec Week-end Lover, et sa rythmique afro. Après la séparation, Disiz noie son chagrin dans la fête. Et le set de gentiment s’emballer. Certes, la douleur est toujours là – « Ce soir, je vais m’anesthésier », sur Passage secret. Mais Disiz est assez habile que pour la faire passer en dansant. Hormis un petit creux aux deux tiers, il réussit ainsi à relancer à chaque fois l’attention, empêchant ses humeurs « pastel » mid-tempo de prendre le dessus. Comme par exemple avec Beaugarçonne, exercice pop parfaitement maîtrisé, et Casino avec son gimmick aussi simple qu’imparable (« la vie, c’est chelou »). Ou encore le fameux Rencontre, tube en deux parties, porté par la voix de Damso. Sur scène, les quatre musiciens qui l’accompagnent – batterie, claviers, basse, guitare – épousent parfaitement la versatilité musicale du bonhomme. Entre rap et variété (avec même des accents italiens, sur Klimt ou Mode d’emploi). Pop et électro.

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Classique de son répertoire, Splash (produit par Stromae, rappelle-t-il) reste l’un des points forts du concert. Et l’une des rares occasions de complètement se défouler. Disiz harangue d’ailleurs le public : « Quand on a l’occasion de se lâcher, il ne faut pas passer à côté. Surtout vu l’époque compliquée que l’on vit… » De fait, l’Amour aura beau être l’un des thèmes les plus éculés de la pop, qui pourra se permettre de passer à côté?

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