Concours Circuit: l’interview speed dating du Centième Orkestra

Sept minutes d’interrogatoire en règle pour tenter de cerner la multiplicité du Centième Orkestra, entre 8 Mile, Big Muff et mille fois STUFF.

Ce jour-là ils ne sont que deux, mais se comportent comme les membres d’une grande fratrie le feraient et on imagine sans peine l’effervescence de la salle de répétition quand tous les dix s’installent, s’accordent et finissent par jouer leur première note. Mais dix musiciens, c’est surtout l’opportunité de multiplier les possibilités par elles-mêmes, de décupler les combinaisons, les sonorités et les expérimentations avec la bonne intention de faire taire tous ceux qui voudraient que le hip hop n’offre que quelques samples pour habiller des rimes. Pourtant, le Centième Orkestra a fait ses premiers pas en petit comité: dans le 100Crew initial, ils n’étaient que quatre; le beatmaker Yoetc et trois MC’s. Rejoints par deux trombones, une batterie, une basse, un hang, des congas et les platines de DJohndoe, le collectif se meut en petit orchestre hip jazz, sort une première démo baptisée 100 titres et expérimente les scènes wallonnes, du Ward’in Rock au Maaasta Music Festival, avec comme future étape le Concours Circuit. Rencontre avec 1/5e de l’Orckestra, la bassiste Farida Amadou et le batteur Tom Malmendier.

Quel est le concert le plus fou que vous ayez donné à ce jour?

Farida Amadou: Un concert en prison!

Tom Malmendier: On a joué dans une prison à Arlon pour les Fêtes de la musique, l’année passée.

Et auquel vous ayez assisté?

T.M.: C’était au Météo Festival à Mulhouse, un festival d’improvisation où les musiciens ne se sont jamais rencontrés et n’ont donc a priori rien à faire ensemble sur scène.

F.A.: Moi, c’était Patti Smith aux Ardentes, il y a trois ans. L’énergie qu’a cette femme, c’est un truc de fou. C’est une personne qui a vraiment joué de la musique toute sa vie et qui a encore le feu. Moi aussi, j’ai aussi envie d’avoir le feu pendant encore 30 ans!

Quelle est la meilleure adresse musicale en Belgique, d’après vous?

T.M.: Je dirais L’An Vert à Liège, une très petite salle où on est toujours hyper bien accueillis.

Quel film pourrait être l’un de vos clips?

T.M.: 8 Mile? Comme ça on aurait Eminem dans notre clip, juste pour faire les malins!

Plutôt vinyle, CD ou MP3?

T.M.: J’ai honte de le dire, mais MP3. C’est nul d’écouter de la musique en MP3, ça compresse tout, mais c’est comme ça que je l’écoute le plus, sur mon téléphone. Si notre scratcher entendait ça! Pardon Julien!

Un guilty pleasure musical à confesser?

T.M.: On aime jouer nus!

Vous vous souvenez de votre dernier achat musical?

T.M.: Un batteur, c’est toujours des baguettes!

F.A.: C’était une pédale d’effets, une Freeze.

Justement, quelle est ta pédale d’effets préférée?

F.A.: Dans celles que j’ai déjà maintenant, je dirais la Big Muff. C’est pas la meilleure disto du monde, mais je sais bien m’en servir.

Quel artiste de génie est pour vous un incompris du grand public?

T.M.: Il va me falloir plus que sept minutes pour les lister! Mais je dirais Eyedea, un rappeur américain qui est mort, malheureusement. Ce gars est absolument inconnu, je l’ai découvert par hasard il y a deux ans. C’est un rappeur blanc, qui est très technique et qui savait faire beaucoup de chose: il s’accompagnait parfois à la guitare folk, il avait aussi un groupe grunge à la Nirvana… Mais comme rappeur, je le trouve absolument incroyable.

Quel groupe belge vous excite particulièrement aujourd’hui?

T.M.: STUFF.! Mille fois STUFF. C’est le meilleur groupe belge du monde!

F.A.: On les a vus cinq fois en concert.

T.M.: Lander [ndlr: Gyselinck], quel putain de batteur.

Si vous deviez rassembler autour d’une table trois artistes vivants ou morts, avec qui dinerait-on?

T.M.: Ah! Il faut prendre des gens qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, c’est plus rigolo. Paco de Lucia, John Zorn et Ben Weinman.

F.A.: Je mettrais Fela Kuti, Prince et… John Cage, histoire de plomber un peu l’ambiance!