Concours Circuit: l’interview speed dating d’El Cadzi

Des cowboys à Couvin? Entretien express avant les premiers éliminatoires du Concours Circuit avec le dernier représentant de ce peuple disparu, car trop sauvage.

Il débarque dans la pièce comme un boulet de canon, ce qui explique dans un premier temps cette gueule cassée, une tête brulée par un soleil qu’on sait tout de suite belge. Rien ne laisse pourtant supposer au premier abord cette voix poussiéreuse frottée aux terres de l’Arizona, tantôt enlacée à sa guitare comme un vieux cowboy à son cheval, tantôt lancée dans des incantations qui rappellent plumes, peintures de guerre et tipi imaginaires. C’est qu’El Cadzi s’entoure de paradoxes touchants, dans sa musique comme dans la vie. Hors scène, on retrouve Corentin Catinus, dont l’accent du sud-ouest de la Belgique colore tous les propos. Mais El Cadzi n’est jamais loin de cette interview déroutante en sept minutes et une de plus.

À part la musique, y a-t-il une autre forme de création qui te porte?

C.C.: Je fais de la 3D pour des films. J’ai étudié la direction, puis j’ai travaillé un an et demi en Inde, où j’ai bossé sur du sound design, du web development et de la 3D. Du coup, le dessin aussi, la peinture et la photo.

Dans quel festival rêves-tu de jouer avec ton projet El Cadzi?

Peut-être le Burning Man. Je resterais un mois dans le désert, où personne ne pourrait m’emmerder. Déjà ça, ce serait pas mal! Puis sinon, celui en République Tchèque… Comment ça va encore? Le Szi… Le Sziget! Mais je ne suis pas très difficile en fait: je joue là où on me prend.

Quel est le concert le plus fou auquel tu aies assisté à ce jour?

J’hésite entre Motörhead et Die Antwoord: Die Antwoord, la chanteuse est tombée de trois mètres de haut et Motörhead, c’est Motörhead, donc… Pour la petite histoire, Yolandi Visser était sur une structure en plexiglass au-dessus du DJ. Elle se met à danser, puis je ne sais pas trop, elle renverse sa bouteille d’eau et paf, elle vole sur le DJ! Il a arrêté la musique: les platines ont été partiellement démolies… Mais Ninja [ndlr: le chanteur du groupe] a repris le truc avec un « Die Antwoord! Die Antwoord! » pendant trois minutes et c’est reparti comme sur des roulettes!

Tu peux me parler de ta dernière découverte musicale?

Je ne sais pas combien de vrais Mongols font partie du projet, mais c’est un groupe qui mélange folk et musique mongole. Ils construisent aussi eux-mêmes leurs instruments. Je ne peux pas vraiment te dire où j’ai découvert ça, parce que ce serait politiquement incorrect, mais je l’ai découvert dans un endroit où je n’aurais pas imaginé trouver ce genre de son.

Il est mort, mais tu aurais aimé le rencontrer…

…Johnny Cash!

Un nom de groupe que tu aurais voulu trouver toi-même?

Le groupe de punk français Les Vieilles Salopes.

La collaboration musicale de rêve, ce serait avec qui?

Avec Die Antwoord, j’adorerais ça. Pour le projet que je propose maintenant, le mélange des deux serait un peu zarbi, mais ils sont un peu zarbis, on est un peu zarbis, tout le monde est un peu zarbi, donc tout va bien!

Y a-t-il un lieu musical en Belgique où tu te rends les yeux fermés?

Je suis originaire du sud de la Belgique, comme tu as pu t’en rendre compte par mon accent. Je suis de la région de Chimay, Couvin… L’endroit qui reste relativement emblématique pour moi, c’est le Rockerill, qui est vraiment un beau lieu. Mais dans chaque ville, j’ai mon endroit préféré: par exemple à La Louvière, il y a le Palace, qui est une bonne salle, il y a aussi la Taverne du Théâtre, le Belvédère à Namur, ici à Bruxelles l’Ancienne Belgique et à Arlon, l’Entrepôt. En fait, là je te fais le catalogue!

Une petite dernière, une question déjantée, complètement à la masse?

Bon, d’accord. Si ta musique était un plat, on mangerait quoi à tes concerts?

Déjà, comme il n’y a qu’une guitare et une voix, on ne mangerait pas beaucoup! Est-ce que je peux dire des pâtes carbonara ou ça fait trop cheap? Une petite portion, dans un ravier dans lequel on met des cacahuètes normalement.