Concours Circuit: l’interview speed dating de Lucy Echo
Jeu des références musicales, niveau expert: Lucy Echo saute de Herbie Hancock à Beyoncé en passant par Melanie De Biasio dans cette rencontre express.
Loin des distribution de rôles rituelles, Charlotte, Philip, Claire et Samuel s’escriment à faire régner la démocratie dans une formation aux multiples talents: on moog ici, gratte avec conviction là, tape sur diverses peaux par là-bas et chante, chante, chante, chante, quatre fois, à quatre voix. Elles empruntent à leurs modèles jazz, s’expriment sur des rythmiques plus urbaines ou se dévoilent dans des sonorités électro-pop assumées et souvent inspirées, depuis déjà plus de cinquante concerts. Luxembourgeois, allemands ou belges, ils se sont rencontrés au conservatoire et épanouis dans Lucy Echo, que chacun développe de ses propres convictions musicales. Nouvelle étape dans son évolution, le groupe s’apprête à jouer aux côtés d’Avishaï, Navaho, Glitter Vaseline et Tarlabasi pour le dernier éliminatoire du Concours Circuit alternatif. Avant ce concert décisif dans le concours, Charlotte Haesen qui officie derrière l’un des claviers, quelques pads et un micro – de toute évidence -, s’est laissée prendre au jeu du premier rendez-vous musical.
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A-t-on déjà fait une remarque ou une comparaison sur le groupe que vous avez tout particulièrement appréciée?
On est quatre personnes très différentes. Du coup, on a déjà comparé Philip à Sting pour sa voix, Claire à Erikha Badu ou Soulish et Samuel à Peter Fox, très souvent. Moi, j’adore quand on me dit que je fais penser à Björk!
Si vous deviez faire la B.O. d’un livre, lequel serait-ce?
Pour moi, Le Parfum: c’est l’univers d’une créature un peu spéciale qui doit se trouver, qui n’a pas de personnalité. Ça me parle beaucoup et ça nous correspond à tous les quatre, parce qu’on n’avait pas forcément de personnalité musicale avant de commencer, mais plein de facettes différentes. Au final, ensemble, on fait ce qu’on aime.
À quel artiste aimeriez-vous confier la création d’un artwork?
Il y a plein d’artistes, mais j’aime bien un blog qui s’appelle The Jealous Curator. La créatrice trouve toujours l’artiste, qu’il ait treize comme 80 ans, qui a quelque chose à dire. Je lui demanderais donc d’écouter notre musique et de trouver quelqu’un, parce qu’elle s’y connait beaucoup mieux que nous.
Tu te souviens de ton tout premier achat musical?
Herbie Hancock, The Joni Letters, à la Fnac de Paris.
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Quel artiste ou un groupe écoutez-vous ensemble après une répèt’?
Kendrick Lamar, James Blake ou Bon Iver.
Quel est ton label préféré ?
PIAS, parce qu’ils sont belges et se sont vraiment développés dans l’amour de la musique. Et puis parce que j’ai l’impression qu’ils laissent vraiment la liberté à l’artiste de s’exprimer. Leurs artistes ont toujours quelque chose de fort à dire et ils ne se limitent pas à un style. J’aime beaucoup Agnes Obel ou le fait qu’ils laissent leur chance à des artistes de jazz aussi, comme Melanie De Biaso.
Si tu devais expliquer votre musique à ta mère, quels mots choisirais-tu?
Je dirais qu’on fait une musique honnête, très vocale, avec des synthés: on a un Prophet et un Korg, des guitares, une batterie, mais surtout quatre voix très distinctes, qui, quand elles sont combinées, créent un son très particulier. Ma mère est une métisse franco-rwandaise. Elle est arrivée dans un orphelinat en Belgique à l’âge de six ans, elle est donc très timide, très réservée. Elle se retrouve dans la musique et m’a fait découvrir plein de trucs. Ce que je fais, même si elle ne le comprend pas toujours, elle le soutient à fond. Nos parents nous soutiennent beaucoup dans Lucy Echo!
Y a-t-il un véritable succès musical que tu ne comprends pas?
Ouf, il y en a plein! J’ai été voir Beyoncé par exemple: j’ai payé les 120 euros pour aller la voir au stade Roi Baudoin, par curiosité, parce que je ne comprends pas vraiment et que c’est mon métier. C’est l’une des numéros un dans le secteur et je voulais vraiment la voir… Et j’ai été assez déçue: on ne voyait pas les musiciens, juste une petite poupée qui rebondissait. Le truc le plus intéressant finalement, ce sont ses tenues et sa façon d’être. Je trouvais ça décevant parce que justement, les femmes que je trouve inspirantes comme Rokia Traoré, Björk ou tUnE-yArDs, sont des femmes fortes qui ont quelque chose à dire et qui ne montrent pas forcément leur corps pour vendre des albums. Mais au final, ce sont quand même des gens comme Beyoncé qui remplissent les arènes et pour moi c’est la manière facile de le faire. Pour Lucy Echo, on essaie réellement de ne pas y aller par la manière facile. Se consulter tous les quatre pour faire des choix musicaux, ce n’est déjà pas facile, mais c’est quelque chose de très solide parce qu’on se soutient les uns les autres.
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Influences: Kendrick Lamar, James Blake, Bon Iver, Sufjan Stevens, Salif Keita, Rokia Traoré, Kelis
Date: 16 septembre 2016
Lieu: Le Brass à Bruxelles
Autres participants: Avishaï, Navaho, Tarlabasi, Glitter Vaseline
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