Concours Circuit: l’interview speed dating de Glass Museum
Surréalisme, émotions musicales et gène sur scène: interrogatoire express pour le duo jazz Glass Museum, candidats du Concours Circuit 2016.
Le piano et la batterie, face à face, surplombent la salle, installés sur deux podiums. Rythmique désarticulée et pointilleuse à la fois et mélodies aux saveurs douces-amères forment le ping-pong instrumental: Martin Grégoire et Antoine Flipo jouent sans concession leur premier vrai concert, à Dour, avec de larges sourires qui s’étalent sur leur visage un peu incrédule. Les gagnants du tremplin enchainent envolées jazz explosives et instants de grâce. Un break gifle l’atmosphère et déjà, la course des doigts et des baguettes reprend, agile et ambitieuse. On sent dans l’univers de Glass Museum l’influence de cette jeune scène jazz moderne menée par les géniaux Canadiens de BadBadNotGood, mais aussi la finesse toute anglaise de GoGo Penguin, ou encore l’énergie des furieux Japonais de Mouse on the Keys. Des références auxquelles s’ajoutent les sensibilités personnelles du duo, empruntées à leurs autres projets musicaux: post et math rock pour l’un, avec Perils of Penelope et Rince-Doigt, musiques du monde cuivrées et swing festif pour l’autre, dans le Gustave Brass Band et Uncle Waldo. À quelques jours de leur concert au Vecteur dans le cadre des éliminatoires du Concours Circuit, on a rencontré Glass Museum pour sept questions en sept minutes. Pas une de plus.
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Racontez le pire concert de Glass Museum à ce jour.
Antoine Flipo: On n’en a fait que trois, qui n’étaient pas trop mal au final! Mais le concert à Tournai-les-Bains, peut-être?
Martin Grégoire: Il n’était pas mauvais, mais c’était difficile parce qu’on est moins préparés à jouer en extérieur, surtout au niveau du son. Là, c’était la première fois qu’on jouait vraiment en plein air, sur une grande scène.
A.F.: La scène était super belle et c’est Tournai-les-bains, c’est chill…
M.G.: …Mais on préfère jouer dans des petites salles, où le son est plus puissant. Là, les notes s’échappaient un petit peu.
Quel film pourrait parfaitement décrire votre musique?
A.F.: Réalité!
M.G.: C’est de Quentin Dupieux. C’est Mr Oizo, qui a aussi réalisé des films comme Steak ou Rubber, qui sont hyper déjantés et qui partent dans tous les sens. Réalité est vraiment bien filmé, avec une belle photo et au début on se laisse un peu bercer par l’histoire. Au fur et à mesure, il y a plein de choses qui viennent troubler le spectateur et on finit par se rendre compte que dans le film, absolument rien n’est logique! On essaye de trouver un sens à l’histoire, mais en fait, il joue juste avec nous tout du long.
A.F.: Et c’est l’histoire de la réalisation d’un autre film, qui s’appelle Waves.
M.G.: D’où le titre de notre morceau Waves!
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Il y a ce moment où la musique vous fait vraiment quelque chose… Quelle est votre sensation musicale préférée?
M.G.: Je dirais que la meilleure sensation musicale, ce sont ces moments où des sons assez minimaux se complètement pour construire une progression. Je pense à des morceaux de Tortoise, qui prennent le temps de monter dans la durée, en deux, trois, quatre minutes. Ou Steve Reich: ses morceaux ont vraiment une intensité sur la longueur. C’est toujours le même tempo, la même chose, mais c’est intense et je pense que c’est l’un des seuls artistes qui arrive à me procurer des émotions du début à la fin d’un album.
A.F.: Moi, c’est plutôt le fait d’écouter seul une chanson, dans un environnement particulier. Ca peut être dans un train, avec de la pluie qui tombe sur les vitres, des réverbères au loin… On associe la musique à une sensation intérieure qui est liée à ce moment précis et à ce qu’on voit. Tu es prêt à lâcher une larme, tu ne sais pas si c’est agréable ou pas, c’est quelque chose de très fort.
Une collaboration de rêve, ce serait avec qui?
M.G.: Dhafer Youssef ou un artiste qui, comme lui, sort de l’ordinaire et a des influences qu’on n’a pas forcément, du style musiques du monde. Quelqu’un qui pourrait ajouter une touche à notre musique qu’un artiste européen n’aurait pas forcément.
A.F.: Moi, je dirais Tigran Hamasyan, j’ai tellement à apprendre de ce type-là!
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Vous êtes tous les deux musiciens dans d’autres groupes. Quel a été la chose la plus embarrassante qui vous soit arrivée sur scène?
M.G.: Au Salon à Silly avec mon autre groupe Rince-Doigt, ma batterie était complètement instable et pendant tout le concert, tous les éléments se barraient progressivement! Je finissais tous les morceaux avec une cymbale d’un côté de la scène et une caisse claire deux mètres devant… C’était l’enfer!
A.F.: C’était pendant un concert à Lasemo cette année, où l’on jouait avec Gustave Brass Band. À un moment donné, mon trombone est littéralement tombé en pièces! Les autres me regardaient en se marrant et moi j’étais là, sans trombone! J’en ai trouvé un autre et finalement ça a été.
La meilleure adresse musicale en Belgique à vos yeux, c’est…?
A.F.: L’AB, c’est toujours des grosses claques!
M.G.: En généraliste, Caroline Music se débrouille plutôt bien. Ils ont une belle diversité dans leurs vinyles. Les grosses salles comme le VK, l’Ancienne Belgique et le Botanique sont des classiques, mais dans les petits endroits sympas, je pense au Bravo à Bruxelles, qui a une progra assez cool niveau jazz et le Magasin 4 pour tout ce qui est plus noise.
Un artwork parfait, à vos yeux?
A.F.: La pochette de The Dark Side of the Moon, de Pink Floyd.
M.G.: Je dirais l’artwork de Unknown Pleasures de Joy Division. Sinon, celui de Thom Yorke, The Eraser, avec un magicien et des vagues. J’aime beaucoup les vagues!
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Influences: Gogo Penguin, BadBadNotGood, Mouse on the Keys
Date: 9 septembre 2016
Lieu: Le Vecteur à Charleroi
Autres participants: Loka and the Moonshiners, Wuman, Monolithe Noir, Neufchâtel
Bonus: Glass Museum tire son nom d’un morceau du groupe post-rock de Chicago, Tortoise.
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