Ce qu’on pense du nouveau dEUS, quelques jours après sa sortie
ROCK | Pour son 7e album, dEUS joue l’effet de surprise. Moins d’un an après Keep You Close, il sort Following Sea, disque plus ouvert, presque tranquille. Trop?
dEUS, Following Sea, distribué par Pias. **
En concert e.a. à Rock Werchter le 29/06, aux Nuits secrètes d’Aulnoye-Aymeries…
Et soudain dEUS apparut… Sans prévenir, neuf mois à peine après la sortie de Keep You Close, le groupe anversois a sorti la semaine dernière un nouvel album. Une surprise? Et comment. Encore et toujours pièce maîtresse du rock made in Belgium, dEUS a toujours pris son temps entre deux disques, entre trois et… six ans. Personne ne s’attendait donc à la parution si rapide d’une nouvelle plaque. Tom Barman avait bien évoqué la sortie d’une série d’EP’s, pour « purger » les sessions de Keep You Close de ses morceaux inexploités. Finalement, c’est un véritable album dont accouche le groupe. « On est en 2012, putain! », explique Barman dans le communiqué de presse officiel. « L’idée d’attendre des mois pour sortir du nouveau matériel est tellement vieux jeu. »
L’explication est peut-être plus simple: à tout juste 40 ans, et avec encore des projets plein les tiroirs, Tom Barman veut plus que jamais accélérer la cadence. Il peut d’autant plus se le permettre que le navire dEUS n’a jamais semblé naviguer en eaux si tranquilles. Rassuré par le succès de Keep You Close, le quintette formé par Barman-Pawlowski-Gevaert-Janzoons-Misseghers est aujourd’hui la formule de dEUS qui a tenu le plus longtemps depuis les débuts du groupe en 1994. Following Sea, mer tranquille? On le croirait presque, jusqu’à la pochette de l’album, photo d’un océan à peine agité…
Charme vaporeux
Le disque s’ouvre ainsi avec Quatre Mains, 1er titre en français plutôt réussi pour dEUS. Un parlando rauque qui rappelle forcément Gainsbourg, mais aussi le Elle & Moi de Max Berlin (qui figurait sur la bande-son d’Anyway the Wind Blows, le long métrage de Barman, sorti en 2003). Avec ses accents vaguement western, Sirens défile lui au petit trot, quand plus loin Fire Up the Google Beast Algorithm joue l’accélération et la saturation, et que One Thing About Waves perpétue avec brio la science « divine » du crescendo. En gros, le genre de grand écart et d’éclectisme que dEUS a toujours cultivé. Par contre, on cherche encore les points d’accroche. Les albums de dEUS ont toujours eu besoin de temps pour se déployer. Après plusieurs écoutes, on ne voit pourtant toujours pas à quel morceau de Following Sea s’agripper, quel classique incontournable y est renfermé, comme chaque album de dEUS jusqu’ici en proposait, même le moins réussi.
Le vrai problème, cependant, se trouve au milieu du disque. Si un morceau comme Nothings tient à deux fois rien (…), son charme vaporeux tient encore la route. C’est moins le cas de The Soft Fall, qui essaie la bienveillance pop mais flirte trop avec la légèreté (« This is what good life is », osent les choeurs). Même constat, mais encore aggravé avec un Crazy About You vain.
Il y a toujours un sens du panache, la volonté de proposer des choses chez dEUS. Là n’est pas la question. À certains égards (les textes, par exemple), le disque lance même de nouvelles pistes à explorer. Mais si Following Sea n’est pas le recueil de faces B attendu (ni une éventuelle poussée expérimentale à la My Sister = My Clock), il a malgré tout du mal à passer pour tout à fait abouti…
Laurent Hoebrechts
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