BSF 2018: la leçon de séduction d’Orelsan et Roméo Elvis
Jeudi dernier, sur la Place des Palais (Ethias Stage), la plus grande scène du Brussels Summer Festival a accueilli le versant hip-hop de sa programmation. La Smala, Roméo Elvis et Orelsan ont successivement offert des performances efficaces sans oublier de chérir, sans compter, la capitale belge.
Il est 19h et le soleil tape à petits coups dans Bruxelles. C’est également l’heure où les festivaliers, originaires de la ville ou d’ailleurs, commencent à affluer le Ethias Stage. La Smala, de son côté, n’a pas attendu pour aligner la plupart des morceaux de son nouvel album 11h59 avec une énergie et authenticité sans pareil. Le groupe veut en découdre, à l’image des relances adressées au public qui, de son côté, fait honneur… aux frites et à la discussion en tout genres. Ce dernier semble n’écouter que d’une seule oreille la performance de La Smala.
1.0Bruxelles, merci pour cette date magnifique !
Merci aux artistes présents !
@63nuancesdelordgasmique
@elvis.romeo
@caballerobxl et @jeanjass
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Au bout de trois-quarts d’heure, une réprimande taquine et méritée est lancée: « Vous êtes mous ou quoi, Bruxelles?! » et la formation, originaire des terres où se déroulent le BSF, décide de passer à un autre niveau. Cette fois, la mayonnaise semble prendre et ce ne sera pas pour les frites. Contre nature, morceau très actuel à l’antipode de l’ambiance oldschool et textuelle coutumière de La Smala, tranche avec les autres titres interprétés. Nous y sommes. Le public du jeudi soir semble lancé mais la fin de partie a sonné pour La Smala qui sacre la capitale belge au rang de « meilleure ville du monde » et augure (sans le savoir) une course à la surenchère d’amour pour Bruxelles durant la suite de la soirée.
Roméo Elvis à la maison
N’empêche qu’à ce jeu de conquête pour la capitale de l’Europe, Roméo Elvis aura été celui-ci qui dégainera les cartes les plus ajustées. Il est du coin et veut le faire comprendre. En témoigne une avancée de son show, initialement programmé à 20h45. Finalement, le public aura dû avancer sa montre de près de 10 minutes. L’échauffement, c’est important même dans le domaine musical pour pouvoir passer aux choses sérieuses. Pour notre belge aux cheveux mi-longs, elles débuteront, en fanfare, un peu avant 21h. Vêtu d’un maillot des Diables Rouges, ce dernier se synchronise parfaitement avec le public du BSF grâce à ses nombreuses interactions avec ce dernier, totalement ébahi. Histoire de charisme, sans aucun doute.
Les beats costauds et le flow grave, presque décalé de Roméo, font mouche avant de laisser place à des sons plus poppy, comme l’incontournable Drôle de question. Dès les premiers accords de guitare par Elvis himself, certains se ruent carrément vers le devant de la scène. Plus efficace, tu meurs! Très vite, les morceaux plus crus et plus ardus récupèrent leurs droits à l’instar du titre Apollo. Tel un prophète en son pays, Roméo Elvis déclare sa flamme à Bruxelles par ces paroles très anecdotiques: « J’ai commencé à jouer de la musique dans le parc juste à côté avec les mecs que vous voyez ici. C’est dingue. Merci! » et quitte son fidèle public par une descente dans le public avec Bruxelles arrive comme fond sonore. Certains Parisiens, venus principalement pour Orelsan, sont restés scotchés.
Orelsan: les bases pour Bruxelles
À l’heure, c’est-à-dire 22h30 pile-poil, une silhouette obscurcie apparait sur une scène blanchie par les projecteurs. Casquette et survêt raccords, Orelsan débarque sans détour sur San, morceau aussi intense qu’introspectif servant d’ouverture à son dernier album. La foule, captive, se branche à lui instantanément. La faute à une technicité puissante donnant du relief aux paroles de chaque titre qui sera interprété lors de ce concert.
Pendant une bonne heure, ce show millimétré et direct, pour un artiste arrivé à terme dans son art, séduit durablement. Quand les plus âgés se contentent de recevoir sagement le missile caennais, les plus jeunes exultent et répondent toujours présents. En témoignent le ping-pong coordonné et furieux du premier extrait de La fête est finie, à savoir le contagieux Basique ou encore lorsqu’il s’agit de demander la pluie par le titre du même nom, co-écrit par Stromae, son meilleur allié pour sa mainmise sur Bruxelles. Ce qui ne tardera pas. À 23h30, la météo envoie sa flotte. Touché mais pas coulé, le public en redemande mais à minuit, clap de fin. C’est vraiment fini. « Est-ce que vous avez les bases, Bruxelles?« , avait lancé le rappeur en début de show. Le public, assurément. Orelsan, lui, les avait pour conquérir Bruxelles.
>> Toutes les photos de la soirée, par Lara Herbinia
Mostefa Mostefaoui
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