Cet été, les festivals ont fait le plein. Malgré un modèle de plus en plus fragile. A réinventer?
Alors, cet été? A l’heure où les derniers festivals de la saison dégainent leurs cartouches, il est temps de faire les comptes.
Ça y est. Les tentes sont repliées, les bottes imperméables rangées, les derniers bracelets coupés. La collection printemps-été 2024 des festivals touche tout doucement à sa fin. On a fait les comptes. Pas des tickets boissons éclusés -pardon, des Douros, Flammes, et autres chargements cashless accumulés. Mais des concerts enquillés pendant deux mois. En tout, c’est près d’une trentaine de journées de festival que le Focus a tenté de raconter tout au long de l’été..
Bilan? Pas vraiment de grosses révélations. Mais l’une ou l’autre micro-tendances -ces artistes, petits malins, qui font dérouler les paroles de leurs morceaux sur l’écran, confirmant que certains concerts tiennent davantage du karaoké que de l’extase mélomane. Et puis des images qui resteront quand même. La classe de la superstar nigériane Tems à Couleur Café. Le concert éblouissant de la bande d’Astéréotypie ou l’émotion de Zaho de Sagazan à Dour. Les filles (Shay, Doja Cat) qui mettent les garçons à l’amende aux Ardentes. Ou encore les punk-rockeurs d’Idles, qui secouent (enfin) la main stage de Werchter.
Festivals précaires
Pour le reste? Business as usual. Ou presque. Le refrain est connu: la pression est toujours plus grande sur des événements qui voient leurs coûts grimper en flèche. Au risque de compromettre l’existence même de certains. Après une édition cata en 2023, Esperanzah! s’est donné un peu d’air. Mais pour combien de temps? Du côté de Ronquières, le festival a beau avoir enregistré la deuxième meilleure affluence de son histoire, il devrait tout juste atteindre l’équilibre. De leur côté, les grosses cylindrées s’en sont plutôt bien sorties, merci pour elles. Mais en augmentant souvent à nouveau leurs tarifs (pour la première fois, le combi pour Werchter a dépassé la barre des 300 euros). C’est de bonne guerre dans un climat économique tendu. Après tout, dans un monde où la musique est devenue quasi gratuite, les festivals ont le « mérite » de rappeler qu’elle a un coût. Il ne faudrait juste pas qu’ils oublient qu’elle a aussi de la valeur.
Car, pour remplir leur jauge, les organisateurs ont tendance à proposer des affiches de plus en plus balisées et ronronnantes, histoire de limiter les risques de plantage. De plus en plus de (gros) festivals semblent ainsi tourner en vase clos, crispés sur leurs acquis, fonctionnant moins comme une aventure musicale que comme une équation financière à maîtriser. Des événements coincés dans leur bulle -rechignant par exemple à passer aux verres réutilisables, donnant ainsi l’impression de rester insensibles aux enjeux environnementaux (quoi qu’on pense de la mesure en question). On est naïf? Évidemment. Injuste? Probablement.
Pour être tout à fait honnête, on s’est quand même bien amusé pendant deux mois. On a même vibré avec certains artistes. Il n’en reste pas moins que l’on a parfois eu aussi l’impression d’assister à l’essoufflement d’un modèle.
L’an prochain, Tomorrowland fêtera ses 20 ans. Rock Werchter ses 50 ans. L’occasion, plus que jamais, de mettre les petits plats dans les grands. Et de se réinventer? ●
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