BadBadNotGood aux Nuits, plutôt GoodGoodNotBad
À la croisée des genres, du jazz et du hip hop instrumental, BadBadNotGood s’est mis une Orangerie presque bondée en poche lundi soir. Avant les Nuits, c’est déjà les Nuits…
Au Nuits Botanique, on prend ses aises avec la géographie et les frontières. Mais quand il ne s’exporte pas à Mons, Clermont-Ferrand et Paris, prenant ses quartiers à l’Alhambra, au festival Europavox et à la Maroquinerie, l’événement bruxellois se moque aussi un peu du calendrier. Quatre jours avant le véritable coup d’envoi des Nuits (pour James Holden et BRNS, complets, il est déjà trop tard), les Canadiens de BadBadNotGood levaient le rideau lundi soir sur une édition plutôt excitante et aventureuse.
20h. Le chapiteau, pas encore prêt, trône dans les jardins tandis qu’une file de midinettes adolescentes s’étire à l’entrée du Witloof Bar pour The Neighbourhood (après vérification un groupe de pop rock ricain irritant qui a un morceau sur la BO The Amazing Spider-Man numéro 2). Lefto, lui, chauffe les planches d’une Orangerie plongée dans un noir pratiquement complet dont l’oeil met quelques minutes à percer les secrets. Si elle est si bien garnie aujourd’hui, c’est un peu grâce à lui. Le DJ n’a cessé de défendre ses trois aventureux potes de Toronto et de les glisser dans ses sets. C’est aussi, un peu, beaucoup, grâce à leurs concerts de l’été dernier, à Dour et au Pukkelpop. Puis à une solide communauté développée sur les réseaux sociaux.
Après deux albums majoritairement peuplés de réinterprétations, de réinventions (appelez les comme vous voulez), BadBadNotGood vient de sortir son premier album entièrement composé de matériel original, III. Des nouveaux titres (l’entêtant single Can’t Leave the Night, CS 60) qui se glissent à merveille parmi les relectures d’Odd Future (ils ont produit un titre, Hoarse, pour Earl Sweatshirt, servi de backing band à Frank Ocean et Tyler The Creator, bluffé, a participé à leur marketing viral), de Flying Lotus et de Gucci Mane…
Basse, batterie, clavier, samples. À leurs talents de musiciens de jazz, Matthew Tavares, Chester Hansen et Alexander Sowinski ajoutent une attitude et une énergie presque rock, allant par instants jusqu’à rappeler un Mogwai. De quoi chauffer pendant une heure et demie un public sous le charme avec ce qu’ils qualifient, eux, de jazz pour l’âme et l’esprit.
« No one above the age of 21 was involved in the making of this album », mentionnaient les jeunots à la sortie en 2012 de BBNG2. De la très smooth Mélanie De Biasio aux expérimentations saxo(si)phonnées de Colin Stetson (un Américain exilé au… Canada) en passant par les relectures de Nick Drake et du Clan des Siciliens signées Dans Dans, le jazz se dépoussière, rajeunit et avance. BadBadNotGood et son jazz 2.0 seront à nouveau à Dour le 19 juillet. L’une des bonnes raisons d’aller traîner ses guêtres au pied des terrils.
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