Les Arctic Monkeys sortent Tranquility Base Hotel + Casino, un sixième album inattendu et crooner, inspiré par Nino Ferrer, François de Roubaix et Véronique Sanson… Singes de la sagesse.
Pour un teasing, c’est un teasing. Il y a tout juste quinze jours, à défaut de dévoiler le moindre son un peu frais de son album à venir, Alex Turner partageait dans le magazine anglais Mojo une liste manuscrite d’une vingtaine de morceaux ayant servi d’inspiration à l’écriture et l’enregistrement du nouvel Arctic Monkeys. Nino Rota, Ennio Morricone, David Axelrod… Il y avait apparemment du Last Shadow Puppets là-dessous. Des cowboys, des colts, des Stetson et de grands espaces en vue. Nina Simone, Marvin Gaye… Un virage soul peut-être? Du changement sûrement. Le tout parsemé de quelques signes curieux, étranges. Un Nino Ferrer, Max Berlin, François de Roubaix, Jean-Claude Vannier… À croire que par-delà leurs visées cinématographiques, les Anglais déclaraient leur flamme à la France. Préliminaires francophiles, coït pré-Brexit. Les singes avaient fouillé derrière Gainsbourg jusqu’à déterrer le Tout est cassé, tout est mort de Véronique Sanson.
Tranquility Base Hotel + Casino n’est pas un disque de rock. Un album à guitares électriques et rebelles. Alex Turner l’a d’ailleurs un temps envisagé comme un ouvrage solo. La faute notamment à son contenu autobiographique et à la naissance plutôt classieuse et paisible des chansons. Pour la plupart écrites sur le piano, un Steinway Vertegrand, reçu pour son trentième anniversaire.
De Richard Hawley à Sébastien Tellier…
« I just wanted to be one of the Strokes« … C’est sur ces drôles de mots, cette étrange confession et une chanson dealant avec l’expérience de la célébrité (Star Treatment) que Turner, 32 ans désormais, ouvre le sixième album de ses Arctic Monkeys. Un disque sage, de raison, un album de trentenaire qui allie le savoir-faire, l’ambition et la nécessaire réinvention.
À nouveau produit avec l’aide de James Ellis Ford (Simian Mobile Disco), Tranquility Base Hotel + Casino voit défiler James Righton des Klaxons, Zach Dawes et Tyler Parkford de Mini Mansions (la clique Queens of The Stone Age encore) ou encore le bassiste de Tame Impala Cam Avery… Entre disque de crooner, BO française des années 70 et nouvelles aventures des Last Shadow Puppets, le coeur de ce sixième disque balance. Ça faisait plus de dix ans que les Anglais n’avaient plus enregistré un aussi bon album. Jamais sans doute n’avaient-ils d’ailleurs affiché pareille classe. Le morceau-titre semble divaguer avec Gonjasufi. Golden Trunks (à la de Roubaix/Vannier) imagine le président en star du catch des années 80. Batphone flirte avec Sébastien Tellier. Là où She Looks Like Fun pourrait quasiment figurer sur le dernier Jack White. On pense à leur pote de Sheffield Richard Hawley et on apprécie au fil des écoutes tout le sens du détail. Un disque aux allures de renaissance.
Arctic Monkeys, Tranquility Base Hotel + Casino, distribué par Domino. ****
Le 08/07 à Rock Werchter.
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