Critique | Musique

Après Doggystyle, Snoop Dogg et Dr Dre changent de position

2,5 / 5
Dre Dre et Snoop Dog © Getty Images
2,5 / 5

Album - MIssionary

Artiste - Snoop Dogg & Dr Dre

Genre - Rap

Label - Universal

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Trente ans après leur première collaboration historique sur Doggystyle, Snoop Dogg et Dr Dre se retrouvent pour Missionary, disque impuissant à retrouver la flamme  

Le rap mène à tout à condition d’en sortir. Rares sont ceux qui l’ont autant mis en application que Snoop Dogg. Icône d’un gangsta rap fun et funky, auteur de l’emblématique Doggystyle (1993), Calvin Broadus Jr. a sorti des disques gospel, reggae et même country. Il a joué au cinéma, multiplié les caméos dans les séries, réalisé un film porno, produit des capsules d’animation pour enfants, lancé plusieurs programmes de téléréalité, publié son livre de cuisine, ouvert son coffee shop, investi dans une marque de cocktails prémixés, etc. Un vrai caméléon. Récemment, lors des JO de Paris, après avoir pu porter la flamme, il s’est même transformé en commentateur sportif pour la chaîne NBC. Il est loin l’ex-membre de gang, accusé de meurtre au début de sa carrière, régulièrement mis en cause de possession d’armes illégale et de drogues, longtemps empêché par les autorités britanniques et australiennes de mettre un pied sur leur sol…

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

À 53 ans, Snoop Dogg est devenu une sorte de tonton du rap, cool et marrant. Un ancien que tout le monde aime et qui aime tout le monde -capable, lors du grand clash de 2024, d’à la fois se marrer aux facéties de Drake (quand le Canadien clone sa voix pour son Taylor Made Freestyle) et de comprendre Kendrick Lamar quand celui-ci s’en offusque (« C’est mon petit neveu! Il a le droit de dire ce qu’il ressent »). Alors forcément, quand il annonce une sorte de retour aux sources, on est attentif. Curieux même.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Position démissionnaire

À en croire l’intéressé, Missionary est censé reprendre et actualiser les choses là où Doggystyle les avait laissées. Pour l’occasion, Dr Dre est même de retour à la production. Cela part plutôt bien avec l’intro Fore Play. Accords de piano g-funk typiques, accompagnés de cuivres jamesbondien pour lancer Snoop Dogg en super-héros d’une grosse production hollywoodienne. Plus loin, les singles Outta Da Blue -sortie old school, citant le Paper Planes de M.I.A.- et Gorgeous -au max de son cool californien, avec Jhené Aiko- tiennent également leurs promesses.

Rapidement, les choses commencent cependant à se gâter. Aussi peu subtiles que le titre de l’album -de Doggystyle à Missionary, vous l’avez?-, Snoop Dogg et Dre enfilent les facilités. Références téléphonées -Public Enemy et Suzanne Vega sur Sticcy Situation-, morceaux quelconques -le reggae inutile de Fire… À vrai dire, on aurait pu se mettre au diapason, enfiler les charentaises, et se contenter de profiter du divertissement. D’autant que Snoop est plutôt en forme et investi. Le palier de l’insoutenable est toutefois franchi avec Last Dance With Marry Jane, blues-folk samplant Tom Petty. Et, surtout, Another Part of Me, invitant Sting tout en s’appuyant lourdement sur le Message In A Bottle de The Police. On est alors à la moitié d’un disque dont le niveau ne remontera plus vraiment. Et qui, en tous les cas, ne rend jamais vraiment justice au statut légendaire de ses deux auteurs.   

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content