On a assisté au concert de Ice Spice à Dour: les twerks et les tubes
Jeudi soir, Dour est rentré dans le dur. Avec une première tête d’affiche : la rappeuse américaine Ice Spice venue alimenter la hype. A défaut de la justifier?
Vous pouvez toujours tenter le coup. Mais il sera compliqué de trouver une artiste qui, comme Ice Spice, a autant mobilisé la hype ces derniers mois. Dès 2022, son single Munch (Feelin U) a allumé la mèche. Avec sa boule afro orange, la jeune femme figurait une sorte de croisement entre Annie et Cardi B. Un vent de fraîcheur canaille sur la scène rap drill new-yorkaise, dominée jusque-là par les collègues masculins.
Depuis, celle qui est née Isis Gaston, dans le Bronx, a passé son temps à enfoncer le clou. Certes, c’est le propre d’un buzz, de prendre de vitesse tout le monde. Mais avec l’accélérateur de particules que constituent aujourd’hui les réseaux – surtout TikTok dans son cas -, l’ascension d’Ice Spice au firmament de la pop culture a été fulgurante. Adoubée par Drake et Nicki Minaj, elle est d’ailleurs également parvenue à rentrer dans les grâces de la reine Taylor Swift, le temps d’un remix de Karma. Un détail qui montre aussi que la rappeuse a bien l’intention de ne pas se faire coincer dans sa bulle…
Jeudi, une semaine avant de sortir son tout premier album, Ice Spice avait donc le droit d’occuper la tête d’affiche de la soirée, à Dour. Bien vu. Pour la première fois, la foule devant la main stage se faisait un peu plus compacte. Et patiente. Avant de monter sur scène, la star laisse en effet son DJ chauffer le public. Et de tronçonner et débiter à la chaîne les grosses douilles rap du moment – avec un fort penchant pour l’axe Sud-Est, de NY à Atlanta, de la drill à la trap.
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Il faut attendre le quart d’heure (américain) pour que le beat de Munch ouvre la voie. Accompagnée de danseurs, Ice Spice fonce tout droit. Cheveux lissés, elle entame son premier twerk : quasi une seconde façon de marcher pour elle. Jouant parfaitement le rôle de la fausse ingénue cagole, elle enchaîne avec Princess Diana, qu’elle partage d’habitude avec Nicki Minaj. Puis Gangsta Boo, conçu au départ comme un hommage à la rappeuse membre de Three 6 Mafia – preuve qu’elle connaît aussi son histoire.
Barbie sitter
Trois morceaux à peine, et elle s’échappe déjà en coulisses pour laisser ses danseurs truster le devant de la scène. Pas longtemps, heureusement. Pour Buttefly Ku, elle monte sur l’une des deux plateformes gonflables pour ralentir un peu le tempo, quasi pop. Pas longtemps heureusement. Après son excursion sur la B.O. de Barbie, elle retourne dans les rues du Bronx avec ses tubes callipyges : l’innocent Bikini Bottom et le plus hargneux Phat Butt. Lancée dans sa conquête du monde, elle met également un pied du côté de l’Angleterre, ressortant son featuring avec Pinkpantheress, autre it girl Gen Z (Boy’s A Liar), et celui, plus récent, avec le rappeur Central Cee (Did It First).
Tout cela est emballé en deux temps, trois mouvements – surtout du bassin. Sans chichis. Mais sans que l’on s’ennuie. C’est sûr, le produit Ice Spice est bien ficelé, avec ses références Y2K appuyées. Que ce soit sur scène – la poupée géante à son effigie rappelant les modèles Cabbage. Ou sur les écrans – son visage pixellisé dans un tamagotchi. Mais l’artiste Ice Spice ? Certes, la jeune femme maîtrise le sujet. D’autant qu’elle rappe tout du long, sans jamais se contenter d’accompagner des bandes.
Après 35 minutes, elle a cependant déjà terminé son récital. Soit une prestation deux fois plus longue que son apparition flash de l’an dernier aux Ardentes. Mais tout de même. Avant de partir, elle lâche (…) encore Think U The Shit (Fart) : on vous laisse traduire. Dès qu’elle a tourné le dos, la baudruche géante commence à se dégonfler. Comme bientôt la hype qui l’entoure ? A Dour, son concert n’a toujours pas permis de répondre vraiment à la question…
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