28 ans après sa mort, la musique de Julius Eastman sera publiée
C’est un compositeur assez méconnu, et pourtant il figure parmi les ambassadeurs de la musique classique minimaliste des années 70-80. Tragiquement décédé en 1990, Julius Eastman va finalement être publié par G. Schirmer.
Un peu comme une oeuvre d’art qu’on aurait dépoussiérée et restaurée, Julius Eastman a été remis au goût du jour dernièrement lors d’une exposition accompagnée de concerts ayant pris place du 19 janvier au 10 février dernier à New York. Cette renaissance a pu être possible grâce à l’aide d’anciens collègues, de chercheurs et de membres de sa famille. Pour Robert Thompson, le président de la boite d’édition G. Schirmer, « l’histoire de la musique classique américaine d’après 1950 est incomplète si on n’inclut pas la contribution de Julius Eastman« .
Quand Eastman, qui disait qu’il avait tout fait pour être « noir à 100%, musicien à 100%, homosexuel à 100% », est mort à 49 ans, il était déjà passé par des moments compliqués. Autrefois membre régulier des cercles de musique avant-gardiste de New York, il avait été mis à la rue et était porté disparu depuis. La plupart de ses amis et collègues n’ont eu vent de son décès que huit mois plus tard. Avec très peu de partitions restantes ou enregistrements, la majeure partie de sa musique semblait alors irrémédiablement disparue.
Mais c’était sans compter le travail de personnes ayant travaillé avec lui, notamment Mary Jane Leach, qui ont durant les deux dernières décennies collecté et restauré minutieusement son travail épars. En 2005 sortait un album de trois disques appelé Unjust Malaise. Dix ans plus tard, le livre Gay Guerilla, partageant son nom avec l’un des travaux d’Eastman, était publié. Et cet hiver, un véritable festival de trois semaines, Julius Eastman: That Which is Fundamental s’est déroulé à New York.
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Gerry Eastman, le frère de Julius et également responsable de son héritage, s’est dit ravi que la musique de son frère ait été redécouverte et soulagé de ne plus devoir en être le gardien. Depuis des années, les travaux d’Eastman étaient utilisés pour des sommes ridicules, parfois même des grands festivals négociaient pour des prix déraisonnablement bas. Grâce au contrat avec G. Schirmer, le travail d’Eastman sera reconnu à sa juste valeur.
Depuis l’annonce du contrat, Schirmer a déjà commencé à faire l’inventaire de toutes les oeuvres d’Eastman subsistantes. « Notre objectif est de publier tous les travaux encore en vie, s’est exprimé Robert Thompson. Malheureusement, un grand nombre de ces partitions ont été perdues et nous travaillons avec ces musiciens et chercheurs qui ont restauré les travaux de Eastman à partir des documents disponibles. Notre but est de restaurer, reconstituer et publier tout ce qui est artistiquement viable de Julius. »
Guillaume Scheunders
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