Moi qui ai souri le premier

© National

Daniel Arsand se souvient de parents aimants: une mère enveloppante – étouffant ce fils unique à tout point de vue-, un père tailleur discrètement présent. Surtout, il raconte “trois souvenirs de ma jeunesse” pour paraphraser Arnaud Desplechin. Plutôt un triptyque de traumatismes en fait. D’abord, sa première fois avec un garçon plus âgé, socialement plus élevé, qui le violera, le possédera en effet, avant de le jeter. Le panneau central, plus doux, est le récit d’une rencontre d’un homme deux fois plus âgé, mais qui se volatilise soudain, laissant le tableau inachevé. La violence réapparaît ensuite lorsque, après la consommation, viendra l’humiliation… Plus qu’un récit, c’est une confession, une catharsis pour l’écrivain qui, d’une plume précise, acérée, sans fioriture mais pas sans émotions, dans ce livre court et au souffle qui l’est tout autant, décrit une sexualité sans ambages. Il y parvient à démêler l’écheveau entre désir et amour, le temps ayant fait son œuvre. Lucide et serein, Arsand confie que la solitude est son plus fidèle partenaire, mais sans s’en plaindre. Au contraire, il écrit des pages bouleversantes sur ses parents, la culpabilité face à leur disparition, la mort qui rôde dans le monde gay à partir des années 80, et sur ce métier d’écrivain qui lui a permis de couvrir de mots ces trois premiers… maux.

De Daniel Arsand, éditions Actes Sud, 112 pages.

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