Critique

Mass Effect 3

ACTION/RPG | Jeu de rôle événement, Mass Effect 3 lisse son ADN action/RPG pour plaire. L’ambiance SF exceptionnelle sauve heureusement le space opera du trou noir.

MASS EFFECT 3, ÉDITÉ PAR ELECTRONIC ARTS ET DÉVELOPPÉ PAR BIOWARE, ÂGE 18+, DISPONIBLE SUR PC, PLAYSTATION 3 ET XBOX 360. ***

Toute la tristesse du jeu vidéo mainstream s’amasse dans Mass Effect 3. Sous le couvert d’un jeu de rôle sophistiqué pour amateurs distingués de science-fiction, la super production des créateurs du récent Skyrim ne vaut pas plus qu’un vulgaire produit high-tech. Des premières minutes jusqu’à la fin, cet action/RPG tapine et aguiche le joueur par tous les moyens. Certes, la création de son personnage offre une arborescence de profils classiques intéressante. Mieux: ceux-ci se complètent de divers backgrounds modelant ainsi les blessures passées de son avatar (ou du commandant Shepard). Mais dès cette étape passée, les mauvaises nouvelles s’empilent.

Prêt à tout pour réussir dans les bacs, Mass Effect 3 propose ainsi en option de zapper ses embranchements de dialogues ou de ne pas gérer l’évolution des aptitudes particulières de son équipe. En proposant ces expériences de jeu alternatives, Bioware nie donc son propre travail (conséquent) mais aussi le statut d’expression culturelle et numérique formidable du jeu vidéo. Un peu comme si les Dandy Warhols proposaient de ne retenir que leur côté pop FM, en zappant leur approche psychédélique barge du rock.

Lois du marché

Le studio canadien aurait en outre mieux fait d’investir du temps de développement dans la version PS3 dont le frame rate saccade comme Parkinson lorsque plus de trois personnages s’affichent simultanément à l’écran.

La suite des événements n’est malheureusement que trop prévisible. Vénéré pour la profondeur de son univers qui mélange avec virtuosité diplomatie intergalactique bigarrée et third-person shooter, Mass Effect 3 titube. La direction de son gameplay joue en effet la carte de l’action plus que de l’aventure. Malgré un tourisme spatial émaillé de quelques quêtes secondaires (toujours la Citadelle), le jeu lorgne les mécaniques ludiques et les chiffres de vente de Gears Of War. Les passages plein pot en rail shooter et autres scripts spectaculaires en témoignent. Sans oublier les vagues d’ennemis successives que l’on enchaîne sans trop réfléchir. Comme des burgers Eurodeals du McDo.

Bioware a été jusqu’à modifier la fin de ME3 pour satisfaire des joueurs mécontents (sic!). Mais tout n’est pas à jeter dans ce volet qui clôt la trilogie et part rallier toute la galaxie contre la menace commune des Reapers. Traversées de choix cornéliens, les phases de combat vues à la troisième personne offrent ainsi une bonne résistance, notamment face aux molosses sur Menae. Utiliser en direct les armes et pouvoirs spéciaux de ses coéquipiers est plus que jamais indispensable. Créer de l’antimatière qui fera léviter à 360 degrés des adversaires que l’on arrosera sadiquement reste jubilatoire.

Plus que les phases de jeu multipliant désormais les combats rapprochés à coups de shotguns et autres champs répulsifs de son armure, le plaisir de Mass Effect est avant tout audiovisuel. La direction artistique est la principale motivation poussant à avancer. Sous des nébuleuses oranges traversées d’éclairs violets, on découvre des architectures titanesques comme dessinées par Oscar Niemeyer. La bande son tapissée de grosses nappes de synthé vintage entre la BO de Blade Runner et les belles années de Romero/Argento happe également. Et fait (presque) oublier que l’on se trouve face à un produit purement mercantile.

Michi-Hiro Tamaï

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