Ungerer en 100 dessins

L'engagement politique de Tomi Ungerer, contre la guerre du Viêtnam, contre le ségrégationnisme racial, s'exprime dès 1964, quelques années à peine après son arrivée à New York. Pour l'université de Columbia, il réalise ainsi une célèbre série d'affiches au graphisme brutal et agressif, très contrastées, soulignées de titres percutants dessinés à la main: Eat, Give ou Kiss for Peace. Des affiches refusées qu'il éditera à compte d'auteur, et devenues iconiques. © Diogenes Verlag, AG, Zürich/Tomi Ungerer Estate

C’est un événement qui ne peut laisser insensible tout amateur d’illustration et de dessin: le Musée Tomi Ungerer de Strasbourg a confié pour quelques mois une centaine d’originaux de l’artiste, décédé en 2019, à la Fondation Folon, le temps d’un partenariat inédit (Folon expose dans le même temps à Strasbourg) et donc d’une exposition tout à fait exceptionnelle, qui donne à regarder de près quelques extraits des 14 000 dessins réalisés par Tomi Ungerer tout au long de sa carrière. Une carrière à la fois protéiforme et étonnamment constante dans la colère et les indignations qu’il exprimait, que ce soit dans le registre du cartoon, de l’affiche, du livre pour enfant, de la satire, du dessin érotique ou du combat militant. Une colère et un trauma qui trouvent leur source dans son enfance sans père et l’embrigadement nazi qu’il subit de force à l’âge de 10 ans, alors qu’il dessine déjà frénétiquement. Français à la maison, alsacien dans la rue et allemand à l’école, Tomi Ungerer deviendra un citoyen du monde qui se joue des frontières et des genres, laissant quelques indémodables chefs-d’oeuvre de la littérature pour enfant -qui n’a pas lu Les Trois Brigands?- tout autant que des brûlots militants nés avec la guerre du Viêtnam et sa découverte du côté sombre des États-Unis, où Ungerer s’installe et connaît le succès dès 1957. Capable de s’adresser aux enfants comme de crier aux oreilles des adultes, l’artiste se laisse redécouvrir ici à travers dix thématiques, des dessins satiriques au nucléaire, qui toutes témoignent de son oeil sans concession, de sa plume fine et rageuse et de son inventivité, quelque part entre Topor et Saul Steinberg, un de ses maîtres et grandes influences graphiques. À noter également: durant les vacances d’été, la Fondation Folon adaptera son accrochage à un public plus familial, et donc plus orienté sur la célèbre carrière « jeunesse » de Ungerer -les amateurs qui se seront déjà délectés de ses dessins satiriques, érotiques ou revendicatifs, y retourneront!

Tomi Ungerer s'est toujours exprimé dans le cartoon et le dessin d'humour, se référant volontiers au ton absurde de l'un de ses compatriotes, le dadaïste alsacien Jean Arp. Tel ce dessin paru dans le livre Clic-clac en 1989, où il associe le dessin à des collages de reproductions photographiques. Un jeu de formes qui n'est jamais dérisoire, puisqu'y sont explorés des thèmes comme la société de consommation ou l'industrialisation galopante.
Tomi Ungerer s’est toujours exprimé dans le cartoon et le dessin d’humour, se référant volontiers au ton absurde de l’un de ses compatriotes, le dadaïste alsacien Jean Arp. Tel ce dessin paru dans le livre Clic-clac en 1989, où il associe le dessin à des collages de reproductions photographiques. Un jeu de formes qui n’est jamais dérisoire, puisqu’y sont explorés des thèmes comme la société de consommation ou l’industrialisation galopante.© Diogenes Verlag, AG, Zürich/Tomi Ungerer Estate

Tomi Ungerer, l’enfant terrible: jusqu’au 26/06 à la Fondation Folon, La Hulpe. www.fondationfolon.be

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C'est évidemment la littérature jeunesse et le dessin pour enfants qui ont fait la célébrité de Tomi Ungerer. Allumette, Les Trois Brigands, Jean de la Lune, Les Histoires farfelues de Papaski... Autant de récits où son encre de chine et ses couleurs au lavis font merveille, mais où la satire et la férocité ne sont jamais loin. Tel le vétéran de guerre mutilé, victime de ses contemporains, qu'il met en scène dans Le Chapeau volant, en 1969.
C’est évidemment la littérature jeunesse et le dessin pour enfants qui ont fait la célébrité de Tomi Ungerer. Allumette, Les Trois Brigands, Jean de la Lune, Les Histoires farfelues de Papaski… Autant de récits où son encre de chine et ses couleurs au lavis font merveille, mais où la satire et la férocité ne sont jamais loin. Tel le vétéran de guerre mutilé, victime de ses contemporains, qu’il met en scène dans Le Chapeau volant, en 1969.© Diogenes Verlag, AG, Zürich/Tomi Ungerer Estate
L'expressionnisme et la plume acerbe de Tomi Ungerer en ont fait un maître du dessin satirique, lequel trouve sa meilleure et sa plus féroce expression dans The Party, album de 1966 reprenant ses témoignages en dessin des soirées mondaines de la high society new-yorkaise qu'il fréquentait alors. L'hypocrisie et la superficialité des relations humaines y explosent à chaque dessin, entre rire et terreur.
L’expressionnisme et la plume acerbe de Tomi Ungerer en ont fait un maître du dessin satirique, lequel trouve sa meilleure et sa plus féroce expression dans The Party, album de 1966 reprenant ses témoignages en dessin des soirées mondaines de la high society new-yorkaise qu’il fréquentait alors. L’hypocrisie et la superficialité des relations humaines y explosent à chaque dessin, entre rire et terreur.© Diogenes Verlag, AG, Zürich/Tomi Ungerer Estate
Tomi Ungerer s'est rapidement imposé comme un grand affichiste, très demandé par les publicitaires qui ne reculaient alors devant aucun des chocs visuels qu'il aimait provoquer. Ainsi le complexe de boutiques Truc, à Boston, qui lui demanda en 1968 d'illustrer sa campagne basée sur la baseline
Tomi Ungerer s’est rapidement imposé comme un grand affichiste, très demandé par les publicitaires qui ne reculaient alors devant aucun des chocs visuels qu’il aimait provoquer. Ainsi le complexe de boutiques Truc, à Boston, qui lui demanda en 1968 d’illustrer sa campagne basée sur la baseline « Truc is stranger than fiction ». Et Ungerer de se révéler plus étrange encore!© Diogenes Verlag, AG, Zürich/Tomi Ungerer Estate
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