Une simple histoire de famille
Dans Les Chatouilles, son spectacle devenu long métrage en 2018, Andréa Bescond livrait un coup de poing pour le spectateur en évoquant les violences sexuelles dont elle avait été victime durant l’enfance et son long chemin de résilience. Un sujet dur traduit formidablement en mots et en images par l’autrice et interprète également militante pour la reconnaissance des victimes de pédophilie. Dans son premier roman Une simple histoire de famille, si elle part d’un terreau familial réel -l’histoire de son arrière-grand-mère-, elle laisse courir la fiction pour ce récit de la transmission de la violence. Soit trois générations de personnages: Louisette, fille-mère qui devra abandonner son enfant après un drame dans la Bretagne des années 60, Hervé, sexagénaire apprenant à la mort de sa mère que celle-ci n’est pas sa génitrice en même temps que sa fille Lio reçoit la confession de sa mère défunte, abusée par un proxénète. Peu à peu, le trio va se découvrir des liens tus et des traumatismes enfouis. Par cette généalogie du non-dit et du silence appliqué par les conventions sociétales, Andréa Bescond cherche, au rythme de chapitres alternés, à démontrer que si l’héritage rime avec violence, le mettre au jour permet de dénouer l’atavisme de son issue tragique. Un récit simple (son titre nous le dit) puissamment ancré dans les corps de ses personnages, aux ficelles narratives parfois un peu appuyées, mais qui offre l’espoir de la résilience et de la renaissance. “Confronter les secrets, pour être enfin libres…”
D’Andréa Bescond, éditions Albin Michel, 256 pages.
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