Tu m’as donné de la crasse et j’en ai fait de l’or
« Oh well », comme il dit. Avec sa barbe à la Léopold II, il affiche un look de barde mystique, mais on ne s’attendait pas à voir débarquer la dernière oeuvre de Pacôme Thiellement, auteur d’essais remarqués sur les Beatles et la série The Leftovers, au rayon « Développement personnel ». Ce bouquin étonnant débute au Japon. En pleine dépression, l’essayiste pop se prend d’empathie pour un assassin notoire. Pire, il s’imagine capable de tuer lui aussi… « Sans malheur, pas de bonheur », répète-t-il. Tantôt poète, tantôt cru, il se livre dans ce qui est à ce jour son texte le plus intimiste. À travers le récit de déceptions amoureuses ( » sickamours« ), trahisons, deuils, comme une sorte de profiler de nos âmes égarées, Pacôme le sage se fraie un passage hors du « labyrinthe du mauvais démiurge » et des abîmes du malheur -en passant, il y sème quelques cailloux pour nous montrer la voie. On retrouve toutes ses marottes, tour à tour les stratèges chinois, les gnostiques (les « sans-roi » ) et les textes de Nag Hammadi, du philosophe perse Sohrawardi, un peu de Beatles, un peu de Twin Peaks, de Lost, et de Buffy -et même Santa Barbara et le Cosby Show… D’autres (comme la télé, le christianisme, les puissants…) morflent sévèrement au passage. Le livre se dévore comme un inspirant récit d’aventures où le héros se débat, tombe, et sans cesse se relève. Pacôme confesse avoir aussi écrit ce livre pour lui, » pour ne pas oublier« , s’il se perdait à nouveau dans le labyrinthe. Un feelgood book déviant. Oh well…
De Pacôme Thiellement, éditions Massot, 186 pages.
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